Fille des Enfers

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Fille des Enfers

Fille des Enfers

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1. Chapitre 1

a nuit est tombée, ici commence la justice sanglante.

Inutile d’avoir peur, inutile de crier. Pauvre de moi…La porte s’ouvre doucement avec un habituel grincement, pour laisser entrer une petite fille aux longues tresses blondes, entrée officiellement à mon service quelques jours plus tôt. Elle baisse la tête, et s’approche du lit pour y déposer une tasse de thé, posée sur un petit plateau en argent, qui embaume la pièce d’un délicieux parfum.

— Je n’ai guère besoin de thé, Elis. Apporte-moi donc du cognac.

— Madame… murmure la mère de l’enfant, qui entre à son tour dans la pièce.

— Je ne suis plus votre dame, Isadora . Je vous l’ai pourtant dit, je n’accueillerais pas la mort avec une simple tasse de thé.

Je détourne la tête, et me tourne de nouveau vers le miroir de la coiffeuse. Cela fait des heures que j’observe cette femme qui m’y regarde. Je pensais la connaître, j’en étais même persuadée, et pourtant aujourd’hui que reste-t-il d’elle ? Elle est si pâle, si différente des autres femmes… C’est la vérité, aucune n’a de reflets rouges dans ses yeux bleus. Aucune n’a de mèches rouges dans sa chevelure brune. Aucune ne paraît à la fois morte et vive.

La voix tremblante de ma servante me ramène à la réalité, elle s’est postée à côté de la grande armoire en bois de chêne où sont entreposés tous mes vêtements.

— Quelle robe souhaitez-vous porter, Madame ?

Je baisse les yeux vers mes mains, tremblantes, et retiens tant bien que mal les larmes qui menacent de s’échapper à chaque instant. Pourtant je le sais, il ne faut pas pleurer. Il faut rester forte, accepter l’arrivée de la fin. Je ne suis pas de ceux qui ont peur de fermer les yeux.

— Amenez la robe de mariée de ma très chère mère. Aujourd’hui, je vais épouser la mort.

— Vous êtes bien trop jeune pour cela. Affirme une troisième voix d’un ton sec. Je me tourne lentement vers l’entrée, pour plonger mes yeux dans ceux de ma sœur, debout dans l’encadrement de la porte, les bras chargés de linges immaculés. Je refuse de vous voir mourir, vous entendez ?

— Jaelyn…

— J’ai prié pour vous, ma sœur. Et je continuerais à le faire, et si prier les anges n’est pas assez, alors je me tournerais vers le diable. Je refuse de vous perdre, vous entendez ? Ne me laissez pas seule ici ! crie-t-elle en se laissant tomber à genoux devant moi.

— Ma chère sœur, si je pouvais sauver ma vie, je le ferais sans hésiter. Je préfèrerais vivre avec vous, loin de tout cet enfer, sans le sous… Mais je ne le puis. Seuls les lâches fuient la mort, et je refuse de l’être.

Je passe les doigts dans ses boucles brunes, me plonge quelques instants dans cet océan qui brille dans ses yeux. Les larmes se mettent à couler le long de ses joues, ses lèvres tremblantes l’empêchent de prononcer le moindre mot.

— Me laisseras-tu porter la robe de notre mère ?

Jaelyn hoche la tête, et fait signe à Isadora d’aller la chercher. Puis, sans un mot, elle se relève et ouvre les tiroirs de la coiffeuse pour en tirer de nombreux bijoux. Je la regarde faire, en silence, les yeux rivés sur ses mains qui manipulent les colliers avec délicatesse. Elle en passe un autour de mon cou, puis un deuxième, et un troisième. Elle choisit des boucles d’oreilles, des bagues, des bracelets.

— Pourquoi autant, Jaelyn ? Gardez-les donc pour vous, ils vous seront utiles pour votre voyage.

— Ma sœur, il vous faut bien payer les marins. Ils ne vous emmèneront pas au paradis sans paiement.

Lorsqu’elle termine d’attacher le dernier bracelet, Isadora entre dans la chambre, une grande boîte jaunie par le temps dans les bras. Derrière-elle, Elis en tient une beaucoup plus petite, qu’elle sert contre son cœur.

Nous nous figeons lorsque les premiers cris résonnent à l’extérieur, ma sœur soupire, tandis que Elis se met à pleurer. Sa mère ne bronche pas. Elle dépose la boite sur le lit, et l’ouvre pour en sortir une magnifique robe en dentelle fleurie. Elle est très simple, légère, mère détestait les artifices. Je retire mes vêtements, et relève mes cheveux afin qu’Isadora puisse attacher la robe. Un corset en dentelle, une jupe en mousseline et une multitude de bijoux. Ils se moqueront, me les retireront peut-être, ou, trop effrayés ils resteront loin de moi.

Puis, elle s’empare de la petite boîte que sa fille tenait entre ses mains, et l’ouvre pour en sortir une petite fleur en satin, finement brodée, qu’elle accroche à la bretelle de la robe grâce à une petite épingle.

A présent, la lueur des torches virevolte sur les murs. Jaelyn s’est approchée de la fenêtre et observe la rue d’un air grave. Je sais ce qu’il s’y passe, mais elle, c’est la première fois qu’elle le voit. Au dehors, le gouverneur a ameuté les villageois. Ils me soupçonnaient déjà, ils n’avaient besoin que d’un ordre.

Les humains ont peur, parfois.

Et un humain qui a peur est capable de tout.

Mais quoi qu’il se passe, toi,

Toi, ma très chère petite fille.

Tu sauras immédiatement comment faire,

Pour ne pas avoir peur.

Tu es la lumière qui illumine mes nuits,

Hier, aujourd’hui et demain.

Mais ma fin approche à grands pas.

Et lorsque je ne serais plus là, tourne-toi vers le ciel nocturne,

Et tu recevras l’aide dont tu as besoin pour ne plus craindre.

— Jaelyn, ne restez-pas près de la fenêtre ma sœur.

Elle cesse de chantonner, et s’en éloigne rapidement pour se rapprocher de moi.

— Promettez-moi que vous regarderez le ciel, si cela peut vous aider à vous en sortir vous devez le faire !

Jaelyn…

Elle me tend sa main, que je prends pour l’accompagner au bord du lit, sur lequel nous nous asseyons. Je souris faiblement, et fait signe aux deux servantes de s’approcher de moi.

— Ce que je vais dire ne vous réjouira guère, mais vous devez m’écouter attentivement. Il vous faut partir loin d’ici. Ils vont me juger, me condamner comme ils le font chaque fois, comme ils l'ont fait avec mère. Le problème est que cette fois-ci, je ne suis pas seule à être soupçonnée. Vous vivez ici, avec moi, ils vous penseront coupable. Il vous faut quitter les lieux et vous enfuir vers un endroit sûr.

Le faible sourire forcé de ma sœur s’efface aussitôt, ses yeux s'écarquillent et ses épaules s’affaissent.

— Ils ne se rendront pas compte de votre départ dans ces circonstances. Alors je vous en prie, obéissez-moi…

— Pour aller-où, Madame ? m’interroge Isadora , d’une voix qui se veut sereine.

— Je suis intimement persuadée que ma sœur saura où vous emmener. Après-tout, ne nous mentons pas, si l’une de nous était destinée dès la naissance à mourir injustement, l’autre a forcément obtenu les capacités nécessaires pour s’en sortir.

Je serre la main de Jaelyn, à présent gelée. Les larmes coulent le long de mes joues, tous mes membres tremblent comme si je n’étais pas faite de chair et de sang mais de paille. Elle m’attire dans ses bras, et je pose ma tête contre son cœur, tandis qu’elle se remet à murmurer ses chansons.

Nous restons toutes immobiles, dans la lumière tamisée de ma chambre, sans nous préoccuper des cris, des lumières qui virevoltent sur les murs, de ce qu’il adviendra de moi. Au bout d’un temps qui me paraît infiniment court, je finis par me détacher de ma sœur, et m’approche de Elis avec un petit sourire que j’espère rassurant.

— Toi, ma grande fille, je veux que tu deviennes une grande femme, belle, intelligente, et par-dessus tout… je veux que tu sois forte. Je… je veux que tu ne craignes rien d’autres que ton propre regard. Je veux que tu sois fière de ce que tu accomplis à chaque instant, je veux que tu protèges ta maman, ma tendre sœur, et que tu te protèges toi-même de la noirceur de ce monde.

La petite acquiesce, les yeux rouges et se jettent dans mes bras avant de s’écarter brusquement en s’excusant.

— Isadora , merci pour tout… J’ignore quoi te dire, tu as tant fait pour moi. Je sais bien que les discours sont inutiles, ils ne servent qu’à repousser l’inévitable. Merci de tes loyaux services, et si tu le veux, j’aimerais t’offrir ce que j’ai de plus précieux.

Elle fronce les sourcils, tandis que je me lève pour rejoindre mon bureau. J’ouvre rapidement les tiroirs, et pousse un soupir de soulagement lorsque je trouve ce que je cherche. Je reviens vers elle à grands pas, et lui tend le sceau de la famille. Une couronne couverte d’épines.

— Cela te paraît certainement inutile, mais…

— Je le protégerais, Madame. Je sais qu’il est très important pour vous. Je le protégerai jusqu’à ma mort.

Des coups se mettent à résonner contre la porte.

— Valentine, père vous… commence ma sœur, la voix brisée par l’émotion.

— Fuyez aussi loin que vos corps vous le permettront, je crains qu’ils ne vous cherchent après ma mort. Ne faites pas confiance aux nobles, ne faites confiance qu’à vous-même. Ne dormez pas dans les auberges, prenez l’argent dans le coffret.

Je me lève, et regarde une dernière fois mon reflet dans le miroir. Puis, sans un mot, les yeux rouges, je descends les escaliers pour rejoindre la porte d’entrée. J’attends quelques minutes, et lorsque je suis certaine qu’elles sont à l’extérieur, j’ouvre la porte, sans peur.

Les villageois m’attrapent violemment, me tirent à l’extérieur avec des hurlements. Les insultes se heurtent à mon esprit, plus violentes que les coups qui frappent mon ventre, et les griffures qui lacèrent mes bras.

Ils m’entraînent dans la ville. Les gens se penchent aux fenêtres, on explique aux enfants la raison de cette parade funèbre. Que leur disent-ils ? Cette femme est une sorcière, elle a tué le vieux berger ? Est-ce donc de la sorcellerie de se défendre contre un homme fou ?

Nous arrivons au temple, on me jette à la tribune des accusés, et je me retiens de lâcher un cri lorsque mon dos heurte brusquement le banc.

Les cris continuent, les rires, les hurlements de joie. Je suis toujours au sol, mais je n’ai même pas besoin de me relever pour savoir ce qu’il se passe. Les gens s’installent sur les bancs, ils vont défiler, les uns après les autres. Ils vont me juger sans jugement. Je vais brûler, je l’ai vu, je le sais.

Au bout d’un temps qui paraît interminable, je me relève, et la voix du prêtre fait taire les villageois. Il attend que le gouverneur prenne place pour prendre la parole. J’avais toujours eu foi en lui. Gaspar Archibald des Dornat me connait depuis que je ne suis qu’une enfant. Il connaît la vérité, il sait pourtant que je suis innocente, et il va aujourd’hui m’accuser de tout ce que je me suis acharnée à lui expliquer.

— Mes frères, mes sœurs, nous sommes aujourd’hui réunis pour mettre fin aux malédictions qui pèsent sur notre ville. Nous avons trouvé la responsable de notre malheur, une sorcière ! les hurlements reprennent, et je profite de ce discours pour m'asseoir sur le banc, et fusiller la foule du regard.

— Cette sorcière, à qui nous avons fait confiance, durant tant d’années. La Comtesse Valentine de Renese ! Que les témoins s’approchent je vous prie.

Le prêtre se rassoit, et désigne la barre des yeux, vers qui un jeune homme est en train de s’avancer.

Je mets quelque temps à le reconnaître. Il doit être un peu plus vieux que moi, peut-être vingt-cinq ans. La dernière fois que je l’ai aperçu, c’était chez le vieux berger, c’est lui qui m’a vu m’enfuir après l’erreur que j’ai commise. Enfin, si l’on peut parler d’erreur dans une telle situation. A mes yeux, se défendre n’est jamais une erreur, mieux vaut tuer plutôt que d’être souillée éternellement.

— Veuillez décliner votre nom, jeune homme.

— Je m’appelle Ubbe. Je suis le fils de Iebe, le vieux berger. déclare-t-il en me jetant un regard mauvais.

— Nous vous écoutons, Ubbe, vous avez vu le crime d’après les dires de tous.

— Oui, c’est exact. Je rentrais à la ferme après la journée de marché, et j’ai entendu un cri, je me suis donc dépêché. Je suis arrivé au moment où la comtesse plantait un couteau dans le ventre de mon père. Elle m’a aperçue, et s’est immédiatement enfuie.

Le prêtre sort une feuille de papier et une plume, pour écrire le premier fait. Ses yeux se posent sur moi, puis sur l’assemblée, et il fait signe à Ubbe de rejoindre sa place pour appeler à la barre une vieille femme, l’herboriste.

— Je viens à mon tour faire une déclaration. La comtesse de Renese n’a jamais été comme nous tous. Regardez ses cheveux, ses yeux, trouvez-vous cela normal pour un être humain d’être aussi étrange ? Le rouge est la couleur du démon ! Et cela fait des années que je vous le répète, c’est cette femme qui est responsable de la misère de notre village ! elle retient sa respiration, et m’observe quelques instants avant de reprendre. Elle est la fille de sa mère, une sorcière !

Sur ces mots, la vieille quitte la barre pour rejoindre son siège.

C’est si simple de prendre une différence physique pour une malédiction. Je suppose que c’est en partie à cause de cela que j’ai été accusée. Mais en même temps, tous ces gens ont-ils tort ? Je ne suis pas comme eux, je l’ai toujours su. J’ai trop de dons dont ils n’ont même pas conscience…

C’est au tour d’un vieil homme de prendre la parole. Et c’est presque terrifié qu’il se met à parler.

— Partout où cette femme passe, les cultures se meurt. Nous manquons d’eau depuis qu’elle est devenue comtesse ! Nous manquons de nourriture, et les enfants meurent jeunes. Nous finirons tous par perdre la vie si nous ne nous débarrassons pas d’elle rapidement !

Nombreux sont ceux qui craignent d’ouvrir les yeux, et nombreux sont ceux qui craignent de devoir les fermer. Fuyez loin d’ici ma sœur, fuyez loin, la manière dont ils s’acharnent me prouve qu’ils feront tout pour vous retrouver, si le Monarque découvre que des sorcières sont en fuite, il vous fera chercher lui aussi.

Les secondes défilent, le prêtre se tourne vers le gouverneur. Avec une attention extrême, ils écoutent chacun des villageois. Chaque élément qui les fait me soupçonner est entendu, analysé, classé du plus important au moins important.

Pendant qu’ils discutent, j’observe l’assemblée. Les convives paraissent tous apeurés, voire même totalement effrayés. Pourtant, l’un d’eux semble faire exception.

C’est un homme de grande taille, contrairement à tous ceux de la région. Ses vêtements d’un noir absolu paraissent vieux, quoiqu’en bon état. Une cape dissimule ses vêtements, sombre, mais décorée de quelques arabesques vertes. Ses bras sont croisés, et il s’est adossé au mur opposé à moi. Il est brun, mais ses cheveux longs sont parsemés de mèches blanches. Pourtant, il est coiffé à la perfection, un contraste parfait avec tous les villageois que j’ai l’habitude de fréquenter ici. Il me dévisage, son regard semble me traverser, tout savoir de moi.

Pendant quelques instants, le temps semble s’arrêter, pour seulement laisser place à un échange de regards. Puis, lentement, l’homme se met à marcher. Les convives se décalent aussitôt pour lui laisser la place. Il passe devant la barre mais ne s’y arrête pas. Finalement il s’arrête à quelques pas de la tribune dans laquelle je suis assise.

— Je vais vous demander de bien vouloir m’excuser, je serais direct. commence-t-il d’un ton posé. Je peux vous aider, jouer le rôle de votre avocat. Mais, je suis aussi en capacité d’aider votre sœur. Néanmoins, vous le comprendrez, il m’est impossible de faire les deux. Alors, je vous demande de bien vouloir choisir.

Dans ma tête, les pensées s’entrechoquent, passe et repasse. Comment savoir si je peux faire confiance à un inconnu. Mère nous a toujours dit de ne jamais nous fier aux inconnus, d’autant plus lorsqu’ils étaient nobles, elle qui faisait pourtant partie de cette classe. Pourtant, à ce moment précis, je sais quelle est la réponse que je dois choisir. Jaelyn peut encore s’en sortir, mais moi, cela risque d’être compliqué.

— Je sais que le choix est difficile, j’en suis désolé.

Mon souffle se fait plus court, ma gorge me brûle, tout mon corps n’est que frisson.

— Ma sœur… Aidez ma sœur…

L’homme me fixe quelques instants, et s’incline légèrement, sous le regard ahuri de toute la foule.

— Soyez en paix, Valentine de Renese. J’ignore si votre périple se terminera ici, mais j’ose espérer que ce ne sera pas le cas.

Je ne retiens plus mes larmes, qui ruissellent le long de mes joues. J’ai passé la journée à pleurer, et celle d’hier également, alors comment diable peut-il rester une seule goutte d’eau dans mon corps…

Sur ces quelques mots, il recule de quelques pas, et traverse la foule pour quitter le temple sans un seul regard en arrière.

La délibération est terminée.

Un regard.

Une phrase.

Une seule…

« Vous êtes condamnée à brûler. »

Mon esprit n’attendais que cette phrase pour se défaire de mon corps. Je ne sens plus rien, j’ai l’impression de ne plus rien entendre, seulement un faible murmure. Ce sont pourtant des cris qui retentissent partout autour de moi…

Des paysans ouvrent la tribune, m'attrapent, se moquent et m'entraînent hors du temple, vers cette place que je ne connais que trop bien. Cette même place où tant de femmes sont mortes avant moi. Oh, ma très chère mère, je suis tellement désolée. Désolée de finir ainsi malgré tout ce que vous avez fait pour me protéger.

Ma vue se brouille alors qu’on m’attache au poteau, au sommet d’un tas de bois. Je connais cette scène. Je ne la connais que trop bien, cela fait des jours que je ne rêve que de ce bûcher. Il me hante, me torture, je sais la douleur que cela va être. Si long…

Je vois deux flammes s’approcher de moi, sans rien distinguer d’autres qu’elles. Je les vois tomber sur les brindilles, prendre rapidement sur les bûches. Il n’a pas plu depuis des jours, le bois est sec. Je sens la chaleur monter, encore et encore. Je sens la mort s’approcher, traverser la foule pour grimper avec moi sur le bûcher, près à emmener mon âme en enfer.

« Le paradis vous ouvrira ses portes. Vous avez de quoi payer, Valentine de Renese. Le paradis vous ouvrira ses portes, et vous n’y serez pas seule. La terre des hommes ne vous mérite pas… »

La voix répète les mêmes phrases, en boucle, encore et encore alors que je ne distingue plus rien que les flammes orangées autour de moi. Je lève les yeux, presque comme un réflexe. Le toit de la maison qui me fait face n’est pas illuminé, pourtant je distingue bien quelque chose, là-haut. Une silhouette. Un immense cheval ailé qui surplombe tout le village. Et lorsque je ne serais plus là, tourne-toi vers le ciel nocturne, et tu recevras l’aide dont tu as besoin pour ne plus craindre.

Et c’est vrai, je ne crains plus. Parce qu’il y a maintenant un humain qui court vers moi…

Un humain ?

Un homme.

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