Monde en Ruine - Genèse Zéro - Tome 1 : Commencement

Monde en Ruine - Genèse Zéro - Tome 1 : Commencement

Beat1204


1. Chapitre 1


«Je dois commencer par ajouter les alcaloïdes.»

Remplissant la fiole avec attention, je m’étonne moi-même de ma faible voix et de mon geste lent. Je n’ai pas réussi à dormir suffisamment ces derniers jours et en témoigne mon visage fatigué reflétait dans le faible reflet d’une vitre légèrement ouverte de mon laboratoire. Mes yeux de jades sont lésés et les cernes sont des témoins de mon affaiblissement progressif.

Déposant la fiole dans son réceptacle et soupirant, je me rends compte que mes cheveux châtains auraient bien besoin d’être lavés tout autant. Ils sont gras et me grattent d’une intensité extrême, c’est tellement gênant.

«Il faut que je rentre chez moi pour prendre une douche. Je vais dormir un peu avant de rentrer.»


Laissant tout mon matériel proche des fioles, je me dirige vers la chaise de mon bureau. Prenant place, j’incline mon dossier à 40°, ce n’est peut-être pas confortable, au moins je ne finirais pas par m’endormir complètement.

Une petite sieste ne me fera pas de mal, alors que je m’endors, j’aperçois la lumière du soleil derrière les nuages, sortant de son masque fait de douceur et de blanc alors que je pense à notre monde en ruine.


Notre monde à connu beaucoup d’événements, ces dernières années ont été un véritable fardeau, pourtant, par delà le voile sombre que je porte sur mon visage, je sais que l’avenir sera quelque peu radieux, que nous pourrons nous relever et enfin retrouver notre gloire passée.

La route sera longue et fastidieuse mais lorsque nous serons complets de nouveau, nous pourrons de nouveau atteindre les étoiles et devenir la race dominante de cette planète.

Voilà ce que je pense vraiment, l’Humanité est et restera la plus grande race de créature que le monde aura connu bien après notre trépas. Les dinosaures eux, n’avaient pas notre capacité intellectuelle et ne savaient que tuer ou être tués mais nous ? Nous avons atteint le sommet de la chaîne alimentaire en ayant inventé des armes, des véhicules et des bâtiments toujours plus haut.

Nous avions atteint l’apogée de notre civilisation pendant plusieurs siècles jusqu’à ce que mère nature nous donne une piqûre de rappel et que malgré tout, c’était elle qui régnait en maître.

Malheureusement, je ne réussit guère à finir cette pensée, car mon réveil a été précipité plus rapidement par un tremblement soudain, ce n’est pas un tremblement causé par un cauchemar horrifique, mais bel et bien un tremblement de terre réel.

Les fioles que j’étudiais quelques minutes plus tôt tombent au sol dans un fracas assourdissant, les faibles ampoules crachant une lumière aveuglante du plafond de mon laboratoire peuvent tomber à tout moment à cause des secousses et moi-même, des tremblements me gagnent, j'ai peur et je reste sous mon bureau pendant un long moment.


Après ce qui me semble une éternité, cachée et espérant que le plafond lui-même ne se décroche pas, que les tremblements cessent. Je reste captive du dessous de mon bureau, comme si des chaînes me sont accrochées aux pieds et aux poignées, une porte s’ouvre soudainement derrière moi, c’est Yannashi, alias Yann’, qui vient d’arriver.

Ces cheveux d’un blanc immaculé mêlé à un rouge flamboyant sont en bataille, ces yeux d’un bleu clair comme le ciel me fixe comme un petit chiot effrayé, il est apeuré. Il crie avec une voix peu virile, malgré son visage carré et solide, comme si elle était restée coincée à l’adolescence.



«Ana’ ! Rien de cassé ?

Ça va, je fulmine en me serrant les dents. Pas besoin de crier sur tous les toits…»


Je veux, en cet instant, lui jeter au visage le peu des fioles encore intactes qui restaient au sol dans le peu de recherche que je menais à son visage. Pour quel genre de femme me prend-il ? Mais je me retiens pour lui répondre d’un ton peu chaleureux comme à mon habitude.


«Merci de t’inquiéter pour moi Yann’, je me reprends un minimum, quels sont les dégâts ?

Je suis venu te voir directement mais… Tu ferais mieux de venir voir les relevés et les images satellites.»


Je l’écoute alors que je sors du dessous de mon bureau, intriguée malgré tout. Les relevés ?

Il doit sans doute parler de nos détecteurs géothermiques et des sismographes placés dans plusieurs centres de recherche dans le peu de monde qu’il nous reste.

Ce qui était autrefois à nous, mais dont la nature et, quitte à le dire, les Dieux nous avaient arrachés il y a de cela 30 ans jour pour jour.


C’est en sortant de mon laboratoire que je vois les dégâts, beaucoup d'ampoules et d’équipement scientifique sont tombés, vu l’éclat des liquides, ils ont dû tomber quelques secondes avant que je ne sorte. J’entends, par-dessus les bruits de nos pas, les râleurs, les attristants et les complainants derrière les portes des autres laboratoires. Je les comprends, perdre plusieurs mois, que dis-je, plusieurs années de recherche en un instant à cause d’un séisme est frustrant. Pour moi, cela a peu d’importance, j’étais arrivée à un point mort de mes expériences et je risquais sans doute une diminution de mon salaire. Ce tremblement de terre est une véritable aubaine, je pense cela en continuant de regarder autour de moi.

Le reste semble aller bien. Je suit le dos fortement musclé de Yann’ qui avance en se tournant également pour constater les dégâts, tandis que son visage donne un trait triste et dépité, je ne suis pas surprise, même, aucune émotion ne se dessine sur mon visage pourtant si beau quand il exprime des émotions.


«Tu sais où est Sylia, d’ailleurs ? je demande en regardant son dos.

C’est elle que je suis allée chercher en premier, elle est dans mon laboratoire, dit-il en tournant à peine la tête vers moi.

Je vois. Espérons qu’elle ne soit pas en train de paniquer comme à son habitude…»


Arrivant dans le laboratoire de Yann’ d’un pas lent, nous y trouvons bien la dénommée Sylia, dont elle étire un visage sous le choc, ses cheveux roux en pagaille et ses yeux pourpres mélangés à du rose dont la peur en irradie de chaque port.

Elle tapote, pianote sur l’ordinateur de Yann’, trop vite, elle pourrait casser le clavier, bien que je ne voie pas son visage, étant dos à elle, je comprends vite que quelque chose avait changé après ce tremblement de terre.

Elle agite son corps fin, ses seins énormes se balancent dans tous les sens et cela l’empêche sans doute de bien voir quelle touche du clavier elle utilise. Les relevés géothermiques et ceux des sismographes s’affichent sur les écrans et vite remplacés par autre chose, une image diffuse et brouillonne.



«Ce n'est pas possible… C’est impossible, c’était quoi ça ? Yann’, j’ai besoin de toi ! Fais un aperçu rapide de la Mer Indienne et de l’Ancienne Russie ! peine-t-elle à dire.

Tout de suite ! Tu as découvert quelque chose ? il répond en s’installant sur un ordinateur adjacent.

Cessez de faire la parlote et donnez-moi un rapport ! je l'ordonne en leur criant dessus.

Voilà ! Ça y est ! Mon Dieu… elle pleurniche, constatant le résultat de sa recherche.

Qu’est-ce que…»


Nous sommes stupéfaits par les images satellites du monde qui deviennent nettes et précises, nous savons que le monde observe également, nous nous sentons observées pareillement, le monde vient de connaître un changement soudain.

Devant ce spectacle macabre qui se défile sur l'écran, je peine à croire ce que je vois. Soudainement une révélation m’arrive, une idée effroyable et mon visage se crispe, apposant mes mains sur mes lèvres ouvertes dont aucun son ne peut sortir sous le spectacle horrifique.


Un trou béant, une faille gigantesque, faisant la taille probable de plusieurs dizaines terrains de football, vient de se former au beau milieu sud de ce qu’on appelait autrefois la Russie, là où résidait plus de 100 000 personnes dans la ville de Novossibirsk.

Le choc se lit aussi sur les visages de Yann’ et Sylia qui semble avoir compris, nous venons de perdre beaucoup de personnes, le bilan sera lourd.

Combien de familles ? Combien d’enfants ? Combien de personnes ont succombé à ce séisme ? Le chiffre que j’imagine est gargantuesque et atroce. Cette ville devait être le nouveau départ de l’Humanité et maintenant, elle est devenue un nouveau point de désespoir supplémentaire dans ce monde.

Mais une seconde chose vient à nous choquer, sans doute cette chose impossible dont parlait Sylia quelques secondes plus tôt alors qu’elle appelait Yann’.


L’image se brouille quelques secondes, le temps de faire apparaître la “chose impossible”, tout n’est pas impossible lors d’un tremblement de terre, je pense cela dans ma tête, reprenant une partie de mon calme malgré la situation et enfin, l’image se montre plus nette et plus impressionnante.

Au beau milieu de l’Océan Indien, six îles se sont formées en étoile, cinq d’entre elles possèdent une forme étrange, complexe et sans sens particulier et la sixième, au centre de cet amalgame étrange, possède la forme d’une étoile à cinq branches…


Commentaires (1)

Mathou

Mathou

17/05/2024

Super commencement de ce chapître, on est direct dans l'action au beau millieu d'un apocalyptique et étrange avec des phénomènes paranormales !!! J'ai hâte pour la suite !!! Continue comme ça