Destin {Tome 1}

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Destin {Tome 1}

Destin {Tome 1}

Lindsay.R


1. Chapitre 1 : Astrid Dustel

L'an 1801..

Le soleil se couche lentement. Les sabots des chevaux bercent le silence de la nature, ainsi que la solitude d'une jeune fille assise dans une belle calèche.

Son regard d'ambre se pose sur l'horizon. Elle examine à travers la fenêtre du majestueux carrosse la course fougueuse d'un troupeau de chevaux sauvages, dans les plaines. Ce qu'elle rêve à cet instant c'est d'être à la place de ces chevaux, et de fuir loin de la réalité.

Cette belle robe de mariée la répugne..

Elle détourne le regard du troupeau, puis le baisse en relâchant un soupir de désespoir.

Elle rêve de liberté.. Prisonnière de son destin.

L'an 1795, 6 ans plus tôt..

Ostrana est un pays très convoité pour ses paysages époustouflants, et ses plus beaux trésors. C'est dans ce merveilleux pays qu'a grandi Astrid Dustel, une jeune enfant pleine de joie souhaitant découvrir le monde et partir à l'aventure. Cela pourrait être un futur accessible si la demoiselle n'était pas la fille d'un vicomte.

Elle doit faire prospérer les terres de son père, accomplir ses devoirs en tant que noble et suivre les règles à la lettre.

Les Dustel sont une famille de nobles réputée du pays, résidant dans une magnifique demeure. Un grand manoir à l'écart de la civilisation, en pleine forêt, dans le vicomté de Sheorisia appartenant au vicomte Edouard Dustel.

Cette belle famille est constituée d'Edouard, de sa femme Isabelle, ainsi que de leurs deux filles Astrid et Anastasie. Les Dustel sont aimé et respecté dans tout le pays par la bienveillance et l'élégance qu'ils possèdent. Tous, sans la moindre exception.

Mais la plus sage de la famille, et la plus têtue bien évidemment, c'est Astrid. Depuis son plus jeune âge sa tendre mère l'éduque de façon à ce qu'elle soit une noble digne de ce nom.

Elle doit devenir une femme exemplaire d'une beauté sans nom qui doit honorer sa famille en devenant par l'avenir une bonne épouse.

Hélas, Astrid n'a que dix ans. Elle pense à s'amuser puis rêvasse sans cesse.. N'écoutant pas forcément les conseils et leçons de sa mère.

­- Astrid, redressez-vous. lui ordonne Isabelle, d'un ton ferme.

- Oui, mère. soupire l'enfant en regardant Isabelle, puis en se redressant sur sa chaise pour écouter les enseignements d’un ennui lassant.

Isabelle a toujours été stricte. D’apparence, c’est une élégante femme trentenaire généralement vêtu de violet pastel. Telle est sa couleur favorite. Elle possède une longue chevelure ondulée blonde qui est quotidiennement attachée en un soigneux chignon.

Ses yeux sont d’un bleu ciel étincelant.

- Une jeune fille de votre rang doit faire preuve de dignité.

- Je suis assise sur cette chaise depuis plus de trois heures. Mon dos me fait atrocement mal.

- N'exagérez pas, ma chère, et écoutez-moi attentivement au lieu de rêvasser. Une noble doit tout savoir sur ses terres ainsi que sur ses devoirs.

- Je suis la fille du vicomte Dustel, je ne suis pas une princesse. Pourquoi tant de bonnes manières ? C'est ennuyant.

- Vous êtes hélas bien trop jeune pour comprendre. Plus tard vous comprendrez, et vous me remercierez. Je vous l'ai dit, autrefois. Un jour, vous serez marié pour faire prospérer notre famille. Vous devez devenir une bonne épouse, et donc avoir de bonnes manières dès votre plus jeune âge. Vous êtes dans l'âge de comprendre certaines choses, y compris votre destin.

- Comme c'est intéressant.

Astrid lève les yeux au ciel, puis croise et pose ses bras sur le bureau afin d'y placer sa tête au creux de ceux-ci. Le regard strict d'Isabelle la fait réagir. Elle s'assoit bien droite sur sa chaise de nouveau en râlant, puis en écoutant sa chère mère avec lassitude.

- Reprenons. Comme je le disais, notre famille est d'une pure lignée noble depuis des siècles. Nos terres sont aussi précieuses que chaque membre de notre famille. Nous devons les entretenir, aider les habitants qui y résident et aussi..

La porte s'ouvre, interrompant Isabelle. C'est un homme trentenaire au regard d’ambre, élégamment vêtu, à la chevelure épaisse blonde et possédant une courte barbe soignée qui entre, et regarde la mère de famille avec nervosité en la questionnant.

- Puis-je vous parler un instant ?

- J'arrive tout de suite.

Astrid regarde l'homme, confuse. Isabelle s'apprête à sortir de la pièce pour le rejoindre.

Celle-ci regarde sa fille en étant devant la porte grande ouverte, avec un petit sourire.

- C'est terminé pour aujourd'hui. Vous pouvez aller vous amuser. Nous reprendrons cette conversation demain.

- Y a-t-il un problème ? Père semble si inquiet.

- Ce sont des histoires de grandes personnes. Ne vous préoccupez pas de cela. Allez vous amuser, mais ne vous éloignez pas de notre manoir. Soyez dans la salle à manger pour 18h.

Isabelle part sans dire un mot de plus, mais en étant bien trop nerveuse.

Astrid ne se soucie pas plus de cela, et quitte la pièce en suivant pour s'aventurer en dehors du manoir.

La brise rafraichissante, elle court en direction des écuries avec joie, voulant passer un peu de temps avec sa monture. Elle s'approche de sa jument qui est dans son box. Elle caresse l'équidé, puis ouvre la porte en bois pour le faire sortir.

Une fois le beau frison sellé elle parvient difficilement à monter sur la selle, et quitte au trot l'écurie. Le regard du palefrenier des Dustel se pose sur Astrid.

Il semble inquiet pour elle, et la conseille.

- Mademoiselle Dustel, vous ne devriez pas vous aventurer dans la nature avec cette jument. C'est beaucoup trop dangereux de partir ces temps-ci.

- Ne vous inquiétez pas pour moi, Louis. Je vais être prudente. Je serais de retour avant 18h !

Il est 17h, Astrid n'a qu'une heure pour s'aventurer sur ses terres en toute prudence, mais c'est suffisant pour la jeune enfant. Elle part au galop loin des écuries ainsi que du manoir, déterminée.

En une petite heure elle peut faire le tour des plaines puis de quelques forêts. Elle s'arrête au bord d'une grande falaise pour s'y reposer un court instant avec sa jument, trouvant la vue resplendissante.

Ce monde semble si vaste..

- Un jour, je partirais à l'aventure avec toi ma belle Lizzie.

La jument frotte sa tête contre Astrid, qui ricane bêtement en la caressant. Elle attrape ensuite sa montre à gousset.. Il est bientôt 18h.

Affolée, elle se lève brusquement puis grimpe sur la selle de Lizzie.

- Je suis en retard, mère va être furieuse ! Allons-y, Lizzie.

Elle quitte le bord de la falaise au triple galop en espérant rentrer chez elle à temps, mais ce n'est pas le cas, car la jeune fille arrive dans les écuries à 18h15.

Dans la salle à manger..

Astrid entre brusquement en courant, nerveuse. Elle s'assoit à table, rejoignant les membres de sa famille.

Ils mangent silencieusement en regardant l'enfant ébouriffé et essoufflé qui s'explique aussitôt sur son retard.

- Je me suis endormie contre un arbre. Pardonnez-moi pour mon retard.

- Vous êtes encore partie avec Lizzie ? la questionne Isabelle.

- Non absolument pas, mère.

- Ce n'est pas ce que Louis m'a dit.

Astrid soupire de lassitude puis commence à manger sans rien dire, mais Isabelle n'a pas dit son dernier mot.

- Il me semblait vous avoir ordonné de ne plus monter cette jument. Elle est bien trop nerveuse pour une jeune fille de votre âge, puis trop grande.

- Mais Lizzie est ma jument. Les autres chevaux sont beaucoup trop vieux et lents.

- De toute évidence vous êtes trop jeune pour monter à cheval. Vous devriez plutôt étudier, c'est plus utile.

- Comme tous les jours.

- Laissez-la donc respirer un peu, très chère. rétorque Edouard d'un fin sourire. Alors, Astrid, qu'avez-vous fait en cette heure avec Lizzie ?

- Eh bien, j'ai fait le tour de nos terres puis je me suis reposé quelques instants au bord de la falaise. La vue était si magnifique, père. Cela change des forêts qui entourent le manoir.

- Oui cela devait être beau à voir, mais soyez prudente. Je n'aimerais pas que ma chère fille se blesse.

- Oui, père. Je suis toujours prudente. Et toi, Anastasie ? Tu t'es bien amusé aujourd'hui ?

Anastasie est une petite fille quotidienne souriante mais introvertie, et par-dessus tout maladroite. Elle a les cheveux ondulés blonds et longs. Un petit ruban rose attache une fine partie de sa belle chevelure. Elle possède le regard de sa mère, donc bleu ciel.

La jeune enfant de sept ans sourit à l'aînée, répondant humblement à sa question.

- J'ai étudié puis je me suis amusé dans ma chambre. Mes journées se ressemblent.

- Au moins je ne suis pas la seule qui s'ennuie ici.

- Jeunes filles, beaucoup d'enfants aimeraient être à votre place. dit Isabelle, fermement. Cessez donc de geindre.

- Oui, mère.

Une domestique entre dans la salle à manger et viens apporter une lettre au vicomte. Celui-ci la remercie et ouvre la lettre, tandis que la domestique sort de la salle à manger en suivant.

Les deux sœurs discutent entre elles pendant qu'Edouard lit la lettre attentivement en étant nerveux, ce qui interroge sa femme.

- Demain, dit Astrid, nous irons au bord du lac toi et moi, dès que j'aurais terminé mes leçons avec mère.

- Est-ce vrai, Astrid ? Me le promets-tu ?

- Oui. Nous nous amuserons dans l'eau. Il fait chaud en plus, nous pourrons nous rafraîchir.

- Que se passe-t-il, Edouard ? l’interroge Isabelle, soucieuse.

- C'est..

Hésitant, il regarde ses deux filles. Les questions se posent tandis que le silence vient bercer le dîner de la famille Dustel.

Edouard soupire donc et pose la lettre sur le côté, cachant sa nervosité devant ses filles.

- Je suis invité au château de Sa Majesté. Je dois y être demain pour 17h. Un banquet est organisé par le roi Andreas lui-même. Il doit parler aux nobles du pays d'une affaire très importante.

- Le roi Andreas ? s'exclame Astrid avec joie. Quel honneur pour vous, père !

- Pouvons-nous venir avec vous ? lui demande Anastasie, surexcitée. J'aimerais voir le roi en personne !

- Non, vous resterez ici avec votre mère. C'est une réunion importante. Les familles n’y sont pas conviées. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, je dois prendre l'air quelques instants.

Edouard se lève de sa chaise, bouleversé, quittant la salle à manger sous les regards de ses filles et de son épouse.

Isabelle essuie ses lèvres de sa serviette de table, puis se lève à son tour de sa chaise en disant.

- Finissez votre repas, et mangez vos légumes. C'est bon pour votre santé.

- Mais, mère ?

- Tout va bien, Astrid.

Isabelle sort de la salle à manger en suivant, pressant le pas. Les deux sœurs s'échangent un regard interrogateur.

Astrid perçoit bien que quelque chose tracasse ses parents. Elle aimerait comprendre ce qui se passe, alors elle se lève de sa chaise puis s'approche de la porte rapidement.

- Astrid, que fais-tu ? Mère a dit de..

- Il se passe quelque chose, Anastasie. Je dois comprendre pourquoi nos parents sont si inquiets.

Doucement, l'enfant quitte la salle à manger et s'approche de la porte menant à l'arrière du manoir.

Elle y voit ses parents. Ils discutent de choses troublantes, sur le perron.

La porte entrouverte permet à Astrid d'écouter leur conversation.

- Alors, le pays entre en guerre. dit Isabelle, exténuée. Ce n'est plus une simple rumeur.

- Non, le roi Andreas l'a écrit sur cette lettre. Nous devons trouver un moyen de repousser nos ennemis, car si nous échouons nous serons dans l'obligation de fuir Ostrana pour survivre.

- C'est lâche venant de notre famille.

- Mes filles sont plus importantes que mon honneur. Je suis prêt à prendre le risque de m'enfuir.

- Il y a forcément une autre solution. Les armées du roi Andreas sont puissantes.

- Mais celles du roi Igor le sont bien plus. L'invasion commence. Des villages ont été conquis par les armées ennemies, au nord d'Ostrana. C'est un véritable désastre.

Inquiète à son tour, Astrid marmonne à elle-même.

- Ostrana.. Entre en guerre ?

Elle s'éloigne de la porte pour rejoindre la salle à manger, étant consciente du danger qui menace son pays.

Lors de son retour, Anastasie s'empresse de la questionner. Pour ne pas l’inquiéter l’aînée trouve un petit mensonge à lui dire.

Elle garde le sourire.. Malgré ses craintes.

Dans la nuit, dans la chambre d'Astrid..

L'enfant se tourne dans son lit depuis des heures, jusqu'à ce que des frappements retentissent à sa porte.

Elle s'assoit donc et regarde la porte.

Elle voit Isabelle entrer dans la chambre avec un chandelier qu'elle tient dans le creux de sa main, puis qu'elle pose sur la commode.

En voyant sa fille réveillée, Isabelle s'assied au bord du lit et lui sourit en la questionnant.

- Vous ne trouvez pas le sommeil ?

- Non.

- Voulez-vous que je vous chante une petite berceuse ?

- Je suis trop âgé pour les berceuses.

Dit-elle avec un sourire amusé. Sa mère ricane bêtement, avant de lui répondre.

- Oui, vous grandissez bien trop vite.

- Je.. Est-ce vrai qu'Ostrana est en guerre ?

- Qui vous a dit cela ?

- Je vous ai entendu, père et vous.

- C'est.. C'est compliqué, Astrid. Cela devait bien arriver un jour ou l'autre. Notre pays est merveilleux, rempli de trésors que d'autres veulent exploiter. Il ne faut pas en vouloir à ces personnes car elles font cela pour survivre.

- Quand bien même, c'est horrible une guerre. Cela ne donne pas raison à ces personnes de nous envahir puis de semer le chaos sur leur passage.

- Je comprends ce que vous voulez dire, Astrid, mais dans tous les cas nous ne pouvons rien faire pour protéger notre pays. Ce devoir revient aux hommes, aux grands nobles d'Ostrana.

- Père va donc partir ? la questionne-t-elle, anxieuse. Il va se battre, lui aussi ?

- Probablement. Nous en serons plus après le banquet du roi, lorsque votre père sera de retour dans la semaine.

- Il est déjà parti ?

- Le royaume est loin de nos terres, et il devra y rester quelques jours, alors oui, il est parti depuis plusieurs heures. Mais il va revenir, soyez rassuré. Ce n'est qu'une simple réunion.

- Il ne nous a même pas dit au revoir.

- Vous devez le comprendre. Il est inquiet pour nous tous, ainsi que pour les habitants de Sheorisia, notre vicomté. Maintenant, dormez et ne pensez plus à cela. Tout finira par s'arranger, je vous le promets.

Délicatement, elle embrasse le front de sa fille puis se lève du lit.

Isabelle s'approche de la commode et prend le chandelier dans sa main, avant de quitter la chambre de sa fille en lui disant une toute dernière chose de sa douce voix.

- Passez une bonne nuit, ma chère fille.

- Merci, vous aussi, mère.

Le réconfort de sa mère vient rassurer la petite Astrid, qui arrive à trouver le sommeil au bout de quelques minutes.

Quelques jours plus tard, en fin d'après-midi..

Les deux sœurs jouent devant le manoir à divers jeux enfantins. Elles profitent du calme pour discuter paisiblement. Anastasie dit.

- J'aimerais tant voir le roi Andreas un jour.

- Moi aussi. Père en a de la chance.

- Peut-être que je pourrais me marier avec le prince lorsque je serais plus grande ?

- Cela m'étonnerais. Nous ne sommes pas des princesses. Seule une princesse peut épouser le prince Elyot.

- Elles sont chanceuses ces belles princesses. Tu penses que je pourrais devenir une princesse ?

- Sois celle que tu es déjà, petite sœur. Puis, être une princesse ce n'est pas facile. Les princesses ont des lois à respecter du matin au soir, chaque jour, et cela jusqu'à leur dernier souffle.

- Quel genre de lois ?

- Ne pas sortir en dehors du château sans être accompagnée, ne pas être trop bavarde, ne pas avoir le droit de choisir leur futur époux, ne pas avoir le droit d'être elle-même en d'autres termes.

- Ce n’est pas amusant.

- La plupart des princesses sont éduquées de la sorte. Elles sont préparées à cela depuis le jour de leur naissance.

- Comme toi ?

- Comme moi, mais je suis tout de même libre d'être moi-même. C'est le plus important. Puis je suis jeune, comme toi, petite sœur. J'ai tout le temps de penser à mes devoirs de future jeune femme.

Le bruit d'un carrosse se fait entendre, interrompant ainsi cette petite discussion.

Edouard est de retour au manoir.

Les deux filles se lèvent du sol, puis regardent le beau carrosse avec un grand sourire.

Euphoriques, elles courent dans sa direction

- Père est de retour, Anastasie ! s'exclame Astrid avec joie.

- Oui, enfin !

Le carrosse s'arrête devant le manoir.

Edouard en descend et s'agenouille pour enlacer ses filles avec le sourire.

- Mes filles adorées ! Comme vous m'avez manqué toutes les deux.

Elles s'écartent de leur père pour lui poser tout un tas de questions, enjouées.

- Avez-vous fait un bon voyage, père ? lui demande Astrid.

- Le château du roi est toujours aussi beau ? Puis, avez-vous vu le prince Elyot ?

- Du calme, je vais tout vous raconter en détail lors du dîner. En attendant, je dois aller voir votre mère.

Edouard s'approche de la grande demeure tandis que les domestiques débarrassent ses affaires du carrosse.

Les deux sœurs gardent le sourire, et s'échangent un petit regard joyeux avant de courir en direction du manoir, se plaçant aux côtés de leur père.

Pendant le dîner..

Toutes ont le regard braqué sur le vicomte. Elles attendent les ragots du royaume.

En dînant, Edouard répond aux questions de ses filles avec joie, sous le sourire de leur mère.

Astrid interroge son père, curieuse par ce voyage.

- La route était longue, père ?

- Assez, oui. Le royaume est d'une beauté époustouflante, comme à chaque fois. Un jour, peut-être que vous rencontrerez le roi Andreas. Il est d'une sagesse remarquable.

- Cela ne me surprend pas. ajoute Isabelle d'un petit sourire. Notre roi a toujours été juste avec son peuple.

Anastasie interroge ensuite son père.

- Et le prince Elyot ? Est-il aussi beau que le disent les gens pendant les bals ?

- Oui, c'est un beau jeune homme. Il grandit vite. Il est bien plus âgé que votre sœur.

- Quel âge a-t-il ? le questionne Astrid, par curiosité.

- Il me semble qu'il a eu quinze ans récemment, donc cinq ans de plus que vous, Astrid.

- Il est si vieux ? soupire Anastasie, ennuyée. Ce n'est pas juste.

- Et pourquoi cela, jeune fille ?

- Pour rien.

- Notre chère Anastasie veut devenir une belle princesse pour pouvoir épouser le prince Elyot. réplique Astrid, moqueuse. C'est si.. Pathétique.

- Votre langage. rétorque Isabelle, courroucée.

- Mère..

Sa petite sœur la défie du regard, gênée en se défendant.

- C'est faux, je n'ai jamais dit cela !

- Dans tous les cas, aucun noble de bas rang comme nous est dans la capacité d'épouser le prince Elyot. admet Edouard, tout de même amusé. Une princesse est digne de Son Altesse le prince.

Isabelle questionne son époux en suivant, perplexe.

- D'ailleurs, à cet âge-là il n'est toujours pas promis ? C'est curieux.

- Chaque chose en son temps. Le roi a d'autres priorités, comme vous le savez, ma chère.

- Oui, malheureusement.

- Parler de mariage m'ennuie. réplique aussitôt Astrid en étant lassée par cette conversation. Parlons plutôt de votre voyage, père. Comment est le royaume ? Est-il grand ?

- Très grand, oui. Vous aimeriez bien, Astrid, vous qui rêvez de partir à l'aventure. Le royaume est bien différent de notre vicomté. Il est majestueux, comme le château du roi Andreas.

- Un jour, je visiterais le royaume et je partirais faire le tour du monde. C'est mon seul rêve !

- Je n'en doute absolument pas. Cela dit, le destin peut être trompeur, parfois. Alors n'ayez pas trop cette idée en tête si vous ne voulez pas être déçue à l'avenir, Astrid. Un rêve n'est qu'un rêve.

- Oui, père.

Isabelle ajoute en suivant.

- Vous êtes l'aînée. Vous avez énormément de responsabilités comme je vous l'ai expliqué lors de vos leçons. Un jour, votre père et moi ne serons plus là pour veiller sur Sheorisia, alors ça sera à vous de veiller sur nos terres.

- Oui, mais c'est ennuyant.

- Au contraire, c'est passionnant, dit Edouard, et contrairement à ce que vous pensez c'est une belle aventure. Une aventure qui ne s'arrêtera jamais. En attendant, prenez le temps de grandir et écoutez bien votre mère lors de vos leçons. Vous êtes l'avenir de notre famille. Tâchez de ne pas l'oublier, Astrid. C'est très important.

Silencieusement, Astrid hoche positivement la tête avec un petit sourire.

Lors de ce dîner, elle ne se souciait pas de l'avenir. Elle pense à ses propres rêves et elle est pleine d'insouciance, ce qui est compréhensible pour une jeune fille de son âge.. Mais les années passent plus vite qu'elle ne l'imagine.

Astrid grandit dans la grâce et dans la beauté. Elle est bien élevée, du moins c'est ce que ses parents espèrent. Isabelle enseigne encore l'histoire de la famille Dustel à sa fille ; du lundi au vendredi durant toute la journée. C'est ennuyant pour Astrid, mais à la fin de la semaine elle peut décompresser et faire ce qu'elle souhaite.. Partir à l'aventure sur ses terres avec sa belle jument Lizzie.

Sa petite sœur grandit vite aussi, dans la richesse et dans la joie. Elle est bien plus polie que son aînée, qui se fiche royalement des règles de politesse de la noblesse. C'est ce qui fait de l'aînée ce qu'elle est réellement ; une ravissante jeune fille bornée, blonde au regard d’ambre étincelant.

C'est ce qu'elle est aujourd'hui en approchant de ses quinze ans.. Pleine de vie, de courage et de détermination.

L'an 1800, dans la chambre d'Astrid, à l'aube..

Le soleil éclaire la chambre de la jeune fille. Elle se redresse sur son lit et s'étire, souriante en regardant la fenêtre.. C'est sa journée de liberté.

Elle compte en profiter jusqu'au coucher du soleil.

Elle se lève de son lit avec détermination puis se prépare à vive allure, avant de quitter sa chambre dans une belle robe rouge fine et légère.

Les cheveux attachés avec un ruban rouge, Astrid descend en quatrième vitesse le grand escalier du hall du manoir et croise sur son chemin sa petite sœur, qui n'est pas autant enjouée qu'elle de si bon matin.

- Tu es pressée ? la questionne Anastasie.

- Comme chaque samedi !

- Comme je souhaiterais avoir ta détermination.

Dit-elle, encore fatiguée en montant l'escalier.

Astrid attrape de la brioche dans la grande cuisine puis quelques provisions pour la journée en regardant autour d'elle d'un œil perplexe.

- Qu'est-ce que vous manigancez ?

Prise en flagrant délit, la jeune blonde se tourne rapidement pour regarder sa mère, l'air innocente.

- Mère ?! Rien.. Je..

- Vous dévalisez nos réserves pour partir à l'aventure, comme chaque samedi. Enfin, Astrid, grandissez un peu. Vous n'êtes plus une enfant, vous allez bientôt avoir quinze ans.

- Quinze ans c'est un jeune âge, mère, puis je vais simplement faire le tour de nos terres pour voir si les habitants de notre vicomté se portent bien. C'est mon devoir, comme vous dites.

- Ne jouez pas avec les mots, puis soyez rentré avant le coucher du soleil. La guerre est loin d'être finie. Nous ne sommes plus en sécurité, même sur nos terres.

- Oui je vais être prudente, faites-moi confiance. Lizzie m'attend. Je dois y aller, alors.. Bonne journée à vous !

En courant, Astrid quitte la cuisine ainsi que le manoir sous le regard ennuyé de sa mère.

- Elle est encore jeune, dit Edouard, souriant de bon matin en entrant dans la cuisine, laissez-la donc.

- Plus aussi jeune qu'elle ne le pense, puis une fille de son rang ne devrait pas se comporter de la sorte.

- Notre fille déborde d'énergie, et c'est une très bonne chose.

- Elle ignore ce qui se passe en dehors de nos terres. Cette guerre, elle est loin d'être terminée.

- Non, j'en ai bien peur. Si les troupes ennemies viennent jusqu'à Sheorisia nous devrons fuir.

- J'espère que nous n'aurons pas à fuir lâchement et que nos ennemis seront bientôt vaincus.

- L'avenir le dira, ma chère. Cessez de vous tracasser avec cela. Nos ennemis sont encore loin de nos terres. Nous sommes en sécurité ici.

- J'espère que vous avez raison. Je ne supporterais pas de voir l’une de mes filles entre les mains de ces barbares.

Consciente du danger, la vicomtesse ne cesse de s'inquiéter pour sa fille qui s'aventure en dehors du manoir, mais elle ne peut rien faire contre son entêtement. Elle peut seulement lui faire confiance, et s'en tenir aux dires de son époux.

Ils sont en sécurité à Sheorisia, elle n'a pas à être inquiète pour Astrid.. Rien ne peut lui arriver.

La jeune blonde saute sur sa jument non sellée puis quitte l’écurie au galop sous le regard nerveux de Louis, le palefrenier, qui s'empresse de hurler quelque chose.

- Soyez prudente, mademoiselle Dustel !

Souriante, Astrid s'éloigne de son manoir en tenant la crinière de Lizzie.

***

La jeune fille arrive au trot dans le village du vicomté, Camiers. Elle descend de Lizzie et s'aventure au centre du petit village.

Au loin, elle voit deux jeunes filles de son âge assises sur un vieux banc. Elle s'empresse donc de les rejoindre.

- Vous êtes là, mes chères amies !

- Astrid ? dit une brune aux yeux marron foncé. Je pensais que vous n'allez pas venir aujourd'hui.

La deuxième demoiselle questionne Astrid aussitôt.

- Pourquoi vous restez avec de simples paysannes comme nous deux ? Je veux dire, vous êtes la fille du vicomte Dustel.

- Et donc ? Je ne suis que la fille d'un vicomte, ce n'est pas extraordinaire non plus. Je ne suis pas une reine, ou une princesse. Je suis une fille comme vous deux.

- Pas exactement, non. réplique la brune.

- La fille d'un noble c'est différent de nous deux.

- Peu importe. Qu'avez-vous à me dire d'intéressant ?

- Il n'y a aucun changement. répond la brune, ennuyée. Tout est calme à Sheorisia.

- Ah si, des ennemis ont été aperçus tout près du vicomté.

- Comment ? l'interroge Astrid, nerveuse.

- Mais tout va bien, ajoute la brune en espérant rassurer sa noble amie, ils ont été capturés.

- Ces ennemis. Si j'avais le pouvoir de les anéantir je le ferais. s'exclame Astrid en croisant les bras d’une moue boudeuse. Ils détruisent notre pays depuis bientôt cinq longues années, c'est insupportable.

La deuxième fille répond aussitôt avec lassitude.

- Je comprends. Mais, qu’est-ce qu’on peut faire ? Simplement attendre que la guerre se termine, qu'importent les conséquences.

- Malheureusement, oui. Bon, que faisons-nous ? demande Astrid afin de penser à autre chose.

- Je vais chercher mon cheval. J'aimerais aller à la crique, pas vous ?

- En cette merveilleuse journée, c'est parfait ! Attendez-nous ici, mademoiselle Dustel. Nous revenons avec nos chevaux.

- Prenez votre temps.

Les deux filles partent tandis qu'Astrid s'approche de sa jument pour la caresser.

Patiente, en écoutant les ragots des villageois.

Il faut une bonne dizaine de minutes pour que ses amies, Rachel et Susan, reviennent sur le dos de leur monture. Alors, Astrid grimpe sur Lizzie puis quitte le village au galop avec les deux jeunes filles.

Un quart d'heure plus tard, à la crique..

Les jeunes filles s'approchent de l'eau, trempant leurs pieds pour se rafraîchir un peu en cet été.

Astrid dit, dans cette sérénité.

- Il fait chaud de si bon matin. Comment se porte ton père, Rachel ?

La belle brune au regard marron foncé ainsi qu'à la peau bronzée répond avec un petit air attristé à son amie, en regardant ses pieds dans l'eau.

- La maladie l'atteint, nous ne pouvons rien faire pour lui. Il doit simplement attendre et peut partir n'importe quand. Ce n'est pas facile..

- Je suis vraiment désolé, j'aurais dû me taire.

- Ne vous excusez pas, mademoiselle Dustel. Vous faites preuve de bienveillance envers ma famille. Ce n'est pas une mauvaise chose, bien au contraire. Alors, merci.

- Oui mais la bienveillance ne créer pas des miracles, ça serait beaucoup trop beau durant cette rude période. Et toi, Susan ?

Souriante, malgré la peine qu'elle ressent envers Rachel, la jeune fille aux cheveux d'ébène, pâle et au regard vert foncé répond à Astrid.

- Mes parents vont bien, je ne peux rien espérer de mieux. Quant au vicomte Dustel et son épouse ?

- Mon père est très inquiet à cause de cette guerre, puis ma mère est toujours aussi exigeante.. Rien ne change en ce qui la concerne.

- Et votre sœur ? Est-ce qu’elle va nous rejoindre dans la journée ?

- J'en ai bien peur..

- Astrid ! Me voilà !

C'est la voix d'Anastasie qui résonne près des jeunes filles, accompagnée du bruit des sabots d'un bel équidé. Toutes la regardent avec le sourire, sauf Astrid qui soupire avec ennui.

- La journée va être longue.. Et ennuyante. Si notre mère t'envoie pour me surveiller tu peux retourner au manoir !

- Comment ? Absolument pas ! Je suis partie en discrétion. J'ai dit à Louis de garder le secret. Je voulais rejoindre ma chère sœur adorée ainsi que ses merveilleuses amies.

Anastasie saute de son cheval gris pour rejoindre en courant les trois jeunes filles, puis elle enlace son aînée avec joie.. Ce qui lasse bien plus cette dernière.

- J'espère pour toi que ce n'est pas un mensonge. Je déteste être surveillé, comme tu le sais.

- Je te le promets. Comment allez-vous ?

Anastasie questionne Rachel et Susan, toute joyeuse. Une petite discussion entre elles s'impose tandis qu'Astrid s'avance un peu plus dans l'eau en regardant l'horizon.. Le vaste océan.

Quels trésors ce monde pourrait lui offrir ? Il y a tant de paysages différents, de religions, de légendes, de contrées lointaines et de traditions qu’elle aimerait découvrir.

C’est ce qu’elle a lu dans de nombreux romans.

La lecture est sa grande passion car c’est de cette seule façon qu’elle peut voyager.. Et vivre une aventure.

Pensive, elle revient à la réalité lorsqu'elle se fait éclabousser par sa petite sœur. Les deux filles se regardent un court instant, avant de s'éclabousser en suivant. Rachel et Susan prennent part à ce petit jeu durant quelques minutes d’euphorie.

Astrid tombe dans l'eau avec sa petite sœur en se bousculant. Les deux filles se relèvent, trempées de la tête aux pieds en riant de bon cœur.

Astrid place sa chevelure en arrière qui descend en cascade sur son dos, et regarde le ciel avec un petit sourire. La lueur étincelante du soleil reflète son si beau regard ambré.

- Regardez-moi ça. Ces jolies demoiselles s'amusent bien.

- J'aimerais bien m'amuser moi aussi.

Ces voix masculines attirent toute l'attention des jeunes filles. Aussitôt, Anastasie se cache derrière son aînée.

Il y a cinq hommes en uniforme militaire qui s'approchent doucement de la petite bande, sortant des feuillages.

Rachel demande d'une petite voix, soucieuse.

- Qui sont ces hommes ?

- Je dirais des soldats en vue de leur accoutrement. répond Susan, bien plus anxieuse en se rapprochant des deux sœurs.

- Peut-être, mais ce ne sont pas des soldats d’Ostrana.

Astrid dit cela en regardant l'emblème sur l'uniforme de l'un des soldats représentant un dragon.. Le dragon est ce qui définit les forces ennemies du pays d'Ostrana.

- Ce sont des soldats du pays de Deskor, nos ennemis. confirme Astrid.

Aussitôt, elles se regroupent et ne quittent pas du regard ces cinq hommes sinistres.

Elles sont piégées entre l'océan.. Et les soldats ennemis.

L'un d'eux regarde Astrid d'un œil perplexe.

- Cette gamine m’a bien l’air d’être une aristo. Quelle roturière porterait des bijoux aussi luxueux ?

- La petite aussi. Regarde un peu sa robe, elle est très chic.

- Je me demande combien vaut la vie de deux jeunes bourgeoises ?

Astrid ne compte pas se taire face à ces deux soldats. Elle s'avance d'un pas en serrant les poings. Puis, confiante, elle rétorque.

- De quel droit vous permettez-vous de marcher sur ces terres, et par ailleurs d'insulter les filles du vicomte Dustel en nous considérant comme de la marchandise ?

- Astrid, je t'en prie.

Dit faiblement Anastasie en essayant de raisonner son aînée. L'un des soldats répond à Astrid, froidement.

- Quant à toi, gamine, de quel droit oses-tu parler en présence d'un homme ?

- J'ai tous les droits à Sheorisia. Je vous conseille vivement de retourner là d'où vous venez avec vos pitoyables armées.

- Elle est marrante celle-là. dit-il dans un rictus. Emmenez-les.

Face à ces hommes, Rachel et Susan ne montrent aucune résistance en sachant bien évidemment qu'elles ne peuvent rien faire, mais Astrid ne compte pas se laisser faire aussi facilement.

Elle attrape le poignard qu'elle planque soigneusement sous sa robe, attaché à sa jambe droite, puis elle s’apprête à planter la lame aiguisée dans la jugulaire de l’homme qui vient à elle.

Elle le sous-estime un peu trop.. C’est un soldat.

L’homme saisit son poignet et l’oblige à lâcher l’arme en le serrant fermement. Dans un petit gémissement de douleur, et faiblement, Astrid lâche le poignard qui retombe sur le sol face au rire sournois du soldat.

- Qu’est-ce que tu croyais, hein ?

Jetée sur le sol par la force démentielle de l’homme, Astrid est rapidement rouée de coups.

Les pieds du soldat la frappe à répétition, mais elle résiste difficilement à l’évanouissement. Son regard larmoyant par l’inquiétude, la douleur et la faiblesse, elle voit ses deux amies être emmenées loin de la crique.. Ainsi que sa douce petite sœur tétanisée, qui tend sa main vers elle en hurlant son nom sur l’épaule d’un autre homme.

- Doucement, abruti, tu vas la tuer !

- Elle le mérite pour avoir essayé de me tuer.

- Et elle a bien failli t’avoir. Sois plus vigilant la prochaine fois.

Les paupières d’Astrid se ferment tout doucement, même si les coups cessent.

Elle ne parvient plus à lutter contre cette fatigue soudaine qui l’emporte au loin.. Très loin.

La voix des deux hommes est peu audible, comme les cris de détresse des trois jeunes filles.

- J’espère pour.. en train de..

Elle ne distingue même plus correctement chaque phrase.. Et s’endort.

***

Tout près du vicomté, il y a un campement militaire temporaire à l’emblème du griffon, symbolisation d’Ostrana.

L’alerte fut donnée, les envahisseurs marchent au sud du pays, détruisant et pillant chaque village qu’ils croisent sur leur chemin.

Un grand homme marche dans ce campement, et attire tous les regards des soldats par sa carrure impressionnante et son autorité constante.

Sa peau est légèrement bronzée, reflétant parfaitement sa chevelure de longueur moyenne épaisse blonde coiffée à l’arrière sur son crâne. Ses iris sont de couleur noisette, malgré cela, il a un sombre regard.

On peut y voir le néant.. La mort.

Sa barbe mal soignée prouve qu’il est sur le champ de bataille depuis un long moment, comme son corps crasseux accompagnant son uniforme tacheté de sang.

Il se dirige vers une tente, et y entre.

Dans cette tente, il y retrouve un très bel homme brun bien plus propre et élégant.

- Te voilà. Je me demandais où tu étais passé, le grincheux.

Le grand blond ne tarde pas à lui répondre d’une voix grave, mais tout de même charmante.

- J’étais occupé.

- Occupé à trouver une stratégie ? l’interroge-t-il au sourire niais, connaissant déjà la réponse. Alaric, je sais que tu es déterminé à remporter la guerre mais ce n’est pas une raison pour te négliger. Regarde-toi.

Il se regarde d’un air indifférent. L’armoire à glace scrute à nouveau son camarade jovial, répliquant.

- Bah quoi ?

- Bah quoi ? Tu fais peur à voir, là.. Et tu sens le rat crevé. Va te laver, rase-moi cette barbe qui commence à être aussi imposante que ton égo, et ensuite éclate-toi un peu avec une jolie demoiselle. Tu en as bien besoin.

- Nikolaï, lâche-moi avec ça. Nous sommes en pleine guerre, crétin. Change-toi et prépare-toi à partir. Un éclaireur vient de m’informer que Camiers, le village de Sheorisia, est en feu. Nos ennemis y sont forcément en ce moment.

Son regard devient plus sévère, tandis qu’il quitte la tente en disant sévèrement.

- Je vais me baigner dans le sang de ces enfoirés.

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