Le Fil d'Ariane
1. Chapitre 1 - Le Rituel
« Trouver ou perdre le fil d’Ariane » : l’expression est devenue proverbiale. Chacun recherche ce fil conducteur qui lui permettra de déjouer les embûches de la vie, tout comme Thésée perdu au milieu du labyrinthique palais de Crète construit par Dédale, le père d’Icare. En effet, après y avoir affronté et vaincu le Minotaure, qui dévastait la région et réclamait périodiquement son lot de jeunes filles à dévorer, Thésée a pu sans dommage se frayer un chemin jusqu’à la sortie grâce au fil que lui fournit Ariane. Pour la récompenser, il ne trouva rien de mieux que d’enlever Ariane. Il la laissa à Naxos, où Dionysos la découvrira et l’épousera.
Le fil d’Ariane, symbole de la ligne directrice de la raison, obsède tous ceux qui veulent éviter de succomber au désordre du monde. Le mythe est resté vivant chez bien des musiciens et des compositeurs. Aujourd’hui encore, les jeunes Crétoises se livrent à une danse, dite « de la grue », dont les pas et les mouvements circulaires rappellent les sinuosités du dédale minoen. »
Schmidt, Joël. « Les 100 histoires de la mythologie grecque et romaine », Joël Schmidt éd., Les 100 histoires de la mythologie grecque et romaine. Presses Universitaires de France, 2016, pp. 5-118.
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« Le sort s’acharne sur ceux qui le fuient. »
Le mantra avait l’effet d’un gong, dans la crypte où le moindre bruit se réverbérait. Engoncée dans une large robe mauve, son troisième œil ouvert sur son front dégarni, la prêtresse Aestra levait ses bras recouverts de bandages, le corps étiré jusqu’à la pointe des pieds. Une momie vivante.
« Les mots sacrés montent vers le ciel.
— Les mots sacrés montent vers le ciel. »
Aestra abaissa les bras.
« Je ne puis réaliser la tâche qui m’a été confiée. »
Elle s’accroupit, les paumes contre le sol.
« Les mots proscrits sont mis en terre. »
— Les mots proscrits sont mis en terre. »
Le chœur d’adeptes, assis en cercle autour de la prêtresse du Clan d’Asclépios, atteignait un état de transe avancé. Une étape de plus sur le chemin de la foi et de la piété. Sur le front de la prêtresse, seul le troisième œil observait les jeunes adeptes assemblées.
La plus jeune, Ariane Roselier, ouvrit une paupière.
Un jet fulgurant, brûlant, la tétanisa sur place.
« Et celles qui défient les lois seront jugées par Ajnâ.
— Et celles qui défient les lois seront jugées par Ajnâ. »
Ariane ne se le fit pas dire deux fois. Une seule décharge du troisième œil était l’équivalent d’une brûlure vive. Elle n’apparaîtrait pas sur sa peau, mais son cerveau lui, l’avait bien perçue.
Elle serra les poings et rumina en silence.
Maudite soit sa grand-mère qui l’avait traînée jusqu’ici.
Commentaires (2)
BabyLixy
10/05/2024
Hâte de lire la suite !