Omega

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Liselore


1. Prologue

Je ne sais pas si il vous est déjà arrivé de courir pour sauver votre peau mais, pour tout vous avouer, c’est une expérience extrêmement désagréable.
J’aurais d’ailleurs bien voulu dire que c’est la première fois que ça m’arrive, mais à la vérité je n’en sais strictement rien.
Pire encore, je ne sais ni où je suis, ni qui sont mes poursuivants, ni pourquoi ils me coursent… ni même qui je suis, moi. Les portes de ma mémoire me sont hermétiquement closes, et mes souvenirs ne ressemblent qu’à un amas de ténèbres, un gouffre noir et vide incapable de délivrer un message latent.
Dans tout ce néant, une chose est cependant certaine : l’instinct me pousse en avant, ne me laissant pas le moindre répit, me hurlant de courir et de ne m’arrêter sous aucun prétexte. Dans ces conditions-là, me direz-vous, il est tentant d’utiliser sa raison pour tempérer l’instinct. Mais essayez de réfléchir clairement quand vous êtes amnésique (et en pleine cavale qui plus est). Sur quoi se baser, comment bien penser et analyser ? C’est mission impossible.
Alors je cours, et advienne que pourra. Bientôt, mes poumons sont en feu, mon souffle irrégulier et saccadé ; c’est la nuit la plus complète mais je peux apercevoir par intermittence derrière moi le faisceau d’une lampe, entendre l’aboiement d’un chien, des éclats de voix et quelques bruits de moteurs, plus lointains. Pour ne rien arranger, le ciel est nuageux et la lueur faiblarde d'une lune décroissante est à peine suffisante pour que je ne m’écrase pas la tête la première contre un arbre ou un rocher. Car visiblement, je suis en pleine nature, dans une forêt clairsemée ou bien un petit marais ; je peux sentir, fugitivement, des odeurs d’humidité et de mousse. Mes pieds nus sont bientôt en sang, se heurtant sans cesse aux aspérités du terrain tapissé ça et là de branches mortes, de cailloux pointus et d’orties.
Je n’avance pas aussi vite que je le voudrais. Peu après, je me surprends à râler tout haut.
Il faut que vous mesuriez bien la situation rocambolesque et pour le moins saugrenue dans laquelle je me trouve. Je n’ai aucun repère, ni concernant mon identité, ni sur les raisons de ma fuite. Et encore moins sur celles qui m’avaient fait atterrir ici, courant à toute allure au milieu de nulle part sans souvenirs ni rien d’autre à quoi me raccrocher.
À part une chose. Une obsession, un instinct viscéral, un réflexe physiologique.
Il ne faut pas qu’ils me rattrapent.

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