Il me restera toujours un vœu

Il me restera toujours un vœu

Cellen01


1. Chapitre 1

Je danse maintenant depuis plus d'une heure. Sur mon visage, des mèches sont collées par la sueur. J'ai mal aux joues à force de sourire et de crier. Cette soirée est délicieuse. J'ai soif, j'ai faim, mais je n'ai pas du tout envie de m'arrêter. La musique est incroyable, mon corps bouge au rythme des basses et mon cœur bat aussi vite que le rythme des notes.

Ces vacances sont délicieuses. Avec notre premier véritable salaire, on a cassé la tirelire. On a décidé de prendre une chambre moche, petite et peu fonctionnelle (qu'on paye quand même carrément chère), mais on a surtout décidé de la prendre au cœur de la Principauté. Quatre filles dans une toute petite voiture, quatre filles dans un appartement avec 2 lits et une seule salle de bain, quatre filles pour trois prises de courant, mais surtout quatre filles pour ce qu'on a décidé comme "les meilleures vacances de notre vie". Rien que ça. Mélanie, Julie, Anissa et Hélène jouant leur propre rôle, dans le film "Les meilleures vacances de notre vie". Ça sonnait plutôt bien, jusqu'à ce soir. Jusqu'à ce que je croise ses yeux. Et que tous, absolument tous mes rêves et mes aspirations pour ces 10 jours sur le Rocher soient anéantis, broyés, oubliés, pour être remplacés par un tourbillon d'émotions et de changements de programme.

J'ai les bras en l'air, je chante de toute mon âme (ce qui peut vite passer pour des hurlements, vu de l'extérieur) et je bouge mes hanches, quand je croise son regard. Noir, puissant, profond. Je me suis arrêtée, l'espace d'un instant. Mélanie m'offre un coup de fesses qui me fait perdre mon équilibre. Et comme si ce croisement de regards hors du temps n'avait pas existé, je reprends les folies de mon corps. Je m'assure à chaque instant que cette robe, si courte et si indécente soit bien imprégnée dans les pensées de tous les invités de cette soirée. Je m'assure que ma queue de cheval, de laquelle des mèches se sont aléatoirement échappées, remue et intrigue autour de moi. Je m'assure que ces talons de 12cm mettent en valeur mes longues jambes, que j'ai passé la journée à bronzer. Et plus que tout, je m'assure que mes fesses, mes hanches et ma poitrine attirent le regard des nombreux hommes présents autour de moi et attisent de l'envie.

Avec les filles, cela fait 6 mois qu'on écume les salles de sport et les ateliers de fitness, 6 mois qu'on mange strictement et qu'on ne boit pas, 6 mois qu'on écume toutes les boites de nuits proches de chez nous, pour s'assurer qu'à cet instant, nos corps, nos auras et nos mouvements soient ceux qui font tourner les têtes. Gagné pour moi, je sens les regards braqués, je vois les hommes défiler derrière moi. Malheureusement pour eux, les 6 mois d'entrainement ont aussi été l'occasion d'apprendre à se débarrasser des hommes beaucoup trop pressants. Nous ne sommes pas arrivées ici par hasard, chaque détail a été soigneusement pensé, testé, amélioré pour s'assurer de passer ensemble les meilleures vacances possibles.

Derrière moi, Anissa a déjà trouvé un homme pour la soirée. Je la vois du coin de l'œil disparaitre dans le carré VIP. Notre objectif ? Ferrer un gros poisson et entrer dans les meilleurs soirées privées et les meilleures journées organisées. Après une journée sur un yacht aujourd'hui, nous avons collégialement décidé de sortir au Jimmy's pour trouver notre occupation du lendemain.

**

"J'ai quand même bien kiffé le Yacht, ça serait cool de trouver un plus gros pour demain, rigole Julie en se maquillant.

- Je prendrais bien une journée à la Pretty Woman moi ... souffle Anissa en lissant ses longs cheveux noirs.

- Et toi ? demande Mélanie.

- Franchement ? je demande malicieusement.

- Cash !

- Je prendrais bien mon pied sur le balcon luxueux d'une des imposantes villas accrochées au Rocher !

- C'est précis. C'est tentant ! Alors aux balcons !!!!"

Il n'y a pas de filtre dans nos discussions dans ce 20m². Celle qui décrochera le plus beau programme en fera profiter aux autres, et je peux vous assurer qu'on tient les comptes. Et les contes, aussi : nous sommes là depuis 6 jours et les journées se sont enchainées à une vitesse folle. Nous sommes des princesses au pays du luxe et si nous rentrons au petit jour dans notre appartement miteux, c'est toujours avec des étoiles dans les yeux et avec la volonté de passer le rêve au niveau supérieur.

Les robes s'entassent sur les valises ouvertes à même le sol, les maillot de bain sèchent sur un fil grossièrement accroché au plafond de part en part de la salle de bain et les quelques objets de luxe ou sac-cadeaux glanés lors des sorties trônent fièrement sur les tables de nuit improvisées.

**

Je m'accorde une pause danse en me dirigeant vers les toilettes, j'ai beaucoup trop chaud. Ma mâchoire tombe quand je découvre un espace luxueux entièrement recouvert à la feuille d'or avec des miroirs à 360° : et ça seulement pour des toilettes. Je souris quand j'entends le bruit d'un corps qui tape régulièrement contre un mur ; moi aussi j'ai envie de me faire prendre. C'est le bon soir. Mais pas ici, pas dans ce toilettes, pitié. Au bout de quelques secondes, le silence revient et une jeune femme sort de la cabine du fond accompagnée par un homme apparemment sonné par son effort/orgasme.

"Va z'y, je vais me ... remaquiller, articule-t-elle en remontant la bretelle de sa robe.

- Sympa ... ? je lui lance avec un grand sourire alors que l'homme referme la porte derrière lui.

- Nul.

- Pas d'orgasme ?

- Pas moi en tout cas."

Je ris à gorge déployée, j'en fais même un peu trop, et je coupe mon émotion en croisant mon regard dans le miroir. La jeune femme jette ce qui me semble un sous-vêtement dans la poubelle, se lave rapidement les mains et sort en me laissant de nouveau seule dans l'antichambre de Versailles.

Dans mon minuscule sac acheté hier avec Anissa et financé par son amant du jour, je sors un rouge à lèvre carmin et je redessine le contour de mes lèvres en prenant le soin de déborder légèrement; elles paraissent bien plus pulpeuses. D'un geste engagé, je réajuste mon décolleté et j'envoie un baiser à mon reflet. Je suis délicieuse, pas alcoolisée à outrance : juste ce qu'il faut pour lâcher prise et profiter de ma soirée.

Alors que je tente d'attraper la poignet dorée de la porte de sortie, le battant s'ouvre à la volée et je suis presque écrasée par Julie et un mystérieux brun. Mon cri de protestation ne les arrête pas dans leur élan alors je recompose rapidement mon sourire de charmeuse pour retourner dans la salle, un poil jalouse de n'avoir encore pas trouvé chaussure à mon pied. D'un pas décidé, je rejoins la piste de danse, les bras en l'air en hurlant les paroles de la chanson que je connais par cœur. Je reprends rapidement ma place de "reine du dancefloor" et mes hanches n'ont pas eu le temps d'oublier comment onduler. Plusieurs fois je repousse des mains bien trop entreprenantes, plusieurs fois j'adresse un clin d'œil en réponse à un sourire mais je me décale discrètement. Je veux trouver une monture qui correspond à mon niveau de jeu, et je suis prête à danser jusqu'au bout de la nuit pour ça !

Je suis transportée par la musique quand une main glisse délicatement sur ma hanche. Le touché est doux, mais en même temps très ferme. Je me retourne tout en dansant pour analyser ma nouvelle proie et je tombe de nouveau sur ses yeux. Pendant de longues minutes, j'oublie tout. Mon environnement, le rythme, les autres. Je me noie dans son regard et je ne vois plus que ça. Mes hanches ondulent, il a calé une de ses jambes entre les miennes et le collé-serré est à son paroxysme.

"Ton prénom ? me crie-t-il dans l'oreille.

- C'est déterminant ? je demande sur le ton de défi.

- Ça ne changera rien.

- Alors danse ! "

D'un geste simple et assuré, je me retourne pour lui tourner le dos, tout en gardant un de mes bras autour de sa nuque. Je le sens rapidement se rapprocher de moi, pour coller son corps au mien. Rapidement il attrape mon bras, et tout en le caressant attrape ma main et la repositionne le long de mon corps, il a réellement envie de prendre les choses en mains. Je frissonne à son contact. Je lis sur les lèvres de Mélanie "Bien joué", et je me remets de nouveau dans une transe à base de musique et du contact de nos deux corps.

Et comme si personne ne nous regardait, mon danseur descend légèrement la main le long de ma hanche. Mon souffle se coupe. Là au beau milieu de la discothèque sélect, il commence réellement à m'entreprendre ? Les quelques verres d'alcool, la chaleur de la piste et mon envie de marquer ses yeux noirs à jamais dans mon esprits font équipe : je cambre légèrement mon corps pour laisser l'accès au jeune homme. Il pose rapidement et nonchalamment un doigt sur mon string en dentelle.

"Quelle couleur ? murmure-t-il à mon oreille.

- Bleu électrique.

- Tu me galvanises."

Mon souffle est rapide, et je perds pieds. C'est lui qui imprime le mouvement de nos hanches et il a posé son menton dans le creux de mon cou. De temps en temps il exerce une pression plus forte contre mon intimité en chaleur. Je gémis et il reprend la danse comme si rien de tout ça n'était réel. Plusieurs fois je gesticule pour tenter de lui faire bouger sa main, pour tenter de respirer à nouveau, mais il semble savoir exactement ce qu'il fait et mon plaisir est décuplé par sa prise en main des opérations. Je sens son souffle dans mon cou, et c'est un gémissement de plaisir qui sort de ma bouche lorsqu'il me demande :

"Tu aimes ça ?"

Je lance ma tête en arrière et dans l'effet de surprise, mon cavalier perd le contact avec mon corps. Je me retourne pour encore une fois voir ses yeux, et mon corps se dérobe quand je le vois lécher son doigt.

"On va plus loin ? me demande-t-il.

- C'est ici que je danse le mieux, je lui réponds avec un vrai ton de défi.

- Parfait, j'irais donc me frotter à d'autres nanas, hurle-t-il dans mon oreille avant d'amorcer son départ.

- Non attends !"

Mon cavalier du soir se retourne vers moi avec un sourire en coin et glisse de nouveau ses mains de part et d'autre de ma taille. De nouveau en face à face, il décale subtilement ma jambe pour se glisser et se coller au plus près de moi.

"Tu te frottes souvent aux nanas en soirée ?

- J'ai dit "frotter" ?

- Hum hum ...

- Alors, oui. C'est ce que je fais. Et plutôt bien d'après les frissons que j'ai pu voir sur tes bras ...

- Frotter ? C'est peut être vrai pour la lampe du génie, mais c'est plutôt dégoutant comme mot !

- Et si je continue ce que je faisais, tu m'accorderas trois voeux ? "

Étonnée par sa demande, mais échaudée par l'alcool et la puissante d'un de ses doigts, je réponds du tac au tac.

"Trois !"

Le jeune homme m'adresse un clin d'œil et m'attrape la main. D'une facilité déconcertante, il fend la foule en me tirant derrière lui. Une fois hors de la piste, je mets rapidement les choses au clair, avec mon cavalier :

"Pas de vœu sexuel, pas de vœu impliquant mon argent et pas de vœu d'abstinence, ok ?

- Pas de soucis. Aucun vœu ne serait à la hauteur de ce que je vais t'offrir en termes de sexe, l'argent n'est pas un problème pour moi et l'abstinence ??? Vu l'état de ton string à l'heure actuelle, c'est pas vraiment dans mes projets !"

Je le regarde droit dans les yeux, et là au milieu de tout le monde, je me contorsionne et fais glisser mon string plutôt gracieusement le long de mes jambes. Une fois les talons passés et sous le regard médusé de mon partenaire, je me redresse, réajuste ma robe et lui tend le morceau de dentelle qu'il s'empresse de prendre.

Une fois la surprise passée, le jeune homme me fixe intensément, porte le sous-vêtement à son nez, inspire très fort et toujours en souriant, et en maintenant mon regard, le range dans la poche arrière de son jean. Je crois clairement avoir trouvé tout aussi fou que moi ce soir.


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