Amera - I Sing, You Die

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Amera - I Sing, You Die

Amera - I Sing, You Die

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1. ♫ Prologue ♫

Jeudi 24 septembre 2001, dans les rues de Londres.

La cloche de l'imposante tour de Big Ben venait de sonner quatorze heures. Dans les rues de la capitale anglaise, les passants étaient nombreux. Alors que la pluie continuait d'assombrir le ciel et que les gouttes se firent plus nombreuses, un cortège de parapluies se dressa le long de la rue, la parcourant comme le feraient des notes de musique éparpillées le long d'une portée.

Tout semblait aller bien. Un bus rouge passait et s'arrêtait pour déposer des passagers tandis qu'un homme criait « Achetez le journal du jour, il est à dix pence seulement ! ». À quelques pas de là, des enfants couraient et chahutaient sur les trottoirs, bousculant au passage quelques jeunes gens qui se promenaient tranquillement. De nombreux couples marchaient main dans la main, tandis que des personnes âgées profitaient de l'air frais.

Une petite fille de six ans était assise sur un banc. Elle souriait tout en entortillant ses beaux cheveux bruns maintenus en deux jolies couettes. Sa mère, une femme d'une trentaine d'années, se tenait près d'elle, à faire les cents pas, son téléphone collé à l'oreille. C'était un appel très important au point où elle ne pouvait pas rester en place.

Un peu plus loin, un homme fumait une cigarette. Il était adossé à la façade d'une menuiserie très réputée. Une caméra de vidéosurveillance transmettait l'image de l'homme habillé de noir. Il devait avoir la trentaine et semblait perdu dans ses pensées. De la fumée grisâtre sortait de manière irrégulière de ses narines et formait une étrange silhouette dans l'air. Lorsque la gérante de la bijouterie juste à côté sortit, il la salua d'un geste rapide.

La situation était tout à fait normale. Une journée typique dans les rues de Londres.

Quelques minutes s'égrenèrent avant que le menuisier ne jette sa cigarette consumée et retourne dans sa boutique.

La fillette était toujours assise sur le banc, mais cette fois son sourire avait disparu. Elle observait les environs, comme si elle cherchait quelque chose d'amusant à regarder pour se divertir. Sa mère ne prêtait pas attention à sa fille, tant elle était absorbée par l'écran de son téléphone. Elle avait mis fin à son appel pour continuer la discussion par messages.

L'enfant avait arrêté de tripoter ses cheveux et avait l'air de réfléchir.

À quoi ? Impossible de le savoir.

Il semblait même qu'elle chantonnait. Elle berçait son propre corps. Dans ses mains, la petite fille tenait une très belle poupée vêtue d'une robe de princesse, de couleur bleu cyan, dont les paillettes évoquaient les étoiles de la voûte céleste. L'enfant portait une robe aux mêmes nuances que celles de son jouet et le vent faisait onduler les deux robes comme les vagues d'un océan.

Soudain, trois hommes armés de pistolets et cagoulés jaillirent de nulle part. Les bruits assommants des armes retentirent et semèrent une pagaille indescriptible.

En l'espace de quelques secondes, des hurlements s'élevèrent et une panique générale provoqua un violent mouvement de la foule.

Peur.

Frayeur.

Terreur.

Cette rue précise de Londres était devenue un lieu de tuerie. Personne ne l'avait vu venir.

C'était désormais le chaos.

Un désastre.

L'apocalypse.

Des cœurs éclatèrent. Des peaux se transpercèrent. Des âmes se déchirèrent.

L'enfant s'était alors levée. Elle tenait toujours sa poupée et ne semblait pas décidée à la lâcher. Comme les hommes qui ne semblaient pas décidés à lâcher leur arme.

Quelques personnes, touchées par les balles, s'écroulèrent. D'autres tentèrent de fuir. D'autres encore restèrent immobiles, paralysées par la terreur et ne savant quoi faire.

La jeune maman se réfugia derrière un véhicule. Elle appela sa fille à plusieurs reprises, mais le vacarme étouffant sa voix, cette dernière ne réagissait pas. Au contraire, elle avançait vers les trois tueurs, qui continuaient de tirer.

Les cris stridents des Anglais se mêlaient aux bruits des tirs de plus en plus intenses.

Une vitre explosa. Puis une deuxième et bientôt, toutes les vitrines des magasins à proximité furent totalement éclatées par des explosions plus qu'assourdissantes. Le bruit des débris projetés sur le sol et sur les véhicules se mélangea aux hurlements de surprise et d'horreur, entraînant un vacarme sans précédent. Le souffle chaud et violent des détonations projeta des dizaines de personnes au sol.

Du sang. Il y avait tant de sang par terre.

Des cris, il y avait tant de cris dans l'air.

Des larmes, il y avait tant de larmes sur les joues.

L'un des hommes cagoulés, alors qu'il se dirigeait vers la menuiserie, aperçut la petite fille, qui semblait hypnotisée, ou bien possédée. Il leva le pistolet, prêt à actionner la détente.

Le pire allait arriver. Une enfant qui ne comprenait pas la situation s'était jetée dans la cage d'un monstre. Ou dans la gueule du loup.

Pourtant, c'est à ce moment-là que l'impossible, l'inimaginable, l'incroyable, le surnaturel, l'inhumain, l'extraordinaire, se produisit.

Le criminel tomba à terre, inconscient et les rafales de coups de feu se stoppèrent. Sa tête heurta le sol dans un bruit sourd. Les deux autres firent tomber leur arme à leur tour et, paralysés par la stupeur, n'osaient s'en aller.

La mélodie du silence avait remplacé le bruit indescriptible de ce chaos et sifflait dans les oreilles des quelques survivants de ce massacre.

Le calme juste après la tempête et non plus avant.

Les Londoniens rescapés encore à proximité du massacre se rapprochèrent pour observer la fillette, qui venait de faire jaillir de ses mains une lumière bleue, merveilleuse, époustouflante, envoûtante, admirable, semblable à de la magie.

C'était de la vraie magie. Quelque chose qui n'est pas censé exister pour nous, êtres humains.

Dix secondes à peine après avoir fait tomber l'homme à terre, la petite fille chuta elle aussi, sous le regard sidéré de sa mère et des autres spectateurs...

Mais le plus étonnant dans tout ça, c'est que la poupée resta debout par terre.

Voilà tout ce qu'ont pu filmer les caméras de vidéosurveillance de la façade d'une très célèbre bijouterie.

Il a fallu près de deux ans pour étouffer l'affaire.

Et cette petite fille, il s'avère que c'était moi.




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