Le Sang des Déchus - Tome 1 : Sang de Mercenaire
1. Prologue
Prenant appuis dessus de
ses deux paumes, Eléa se hissa sur la petite estrade devant le
gigantesque écran blanc qui l'écrasait par sa masse, elle qui était si
petite du haut de son mètre cinquante-deux.
Elle fit quelques pas en
observant la salle en pente que la lumière fatiguée éclairait d'une
lueur jaunâtre. Les rangées de sièges pliables s'alignaient toujours
sagement, bien que certains dossiers manquaient ou que des assises
avaient été arrachées de leur base.
Quand est-ce qu'un film avait
été projeté ici pour la dernière fois ? Impossible de le deviner mais,
en y réfléchissant, cela ne pouvait pas remonter à si loin.
Cela ne
faisait pas si longtemps que tout avait changé, que la situation avait
basculé et que les choses avaient tourné ainsi. Pourtant, il lui
semblait qu'elle vivait ainsi depuis des années, changeant régulièrement
de refuge avec ses compagnons, sortant en quête de nourriture et de
moyens de défense, le tout ponctué d'affrontements partout dans la
ville. Elle peinait à se rappeler de comment c'était avant que tout ne
dégénère mais elle revoyait encore son ancienne maison avec sa mère et
son beau-père, l'odeur des œufs brouillés le matin.
Tout en
continuant ses allers et venues devant l'écran en jouant distraitement
avec l'une de ses mèches mi-longues aux pointes cassis, elle se demanda
comment ils auraient pu éviter tout ça et l'empêcher mais aurait-ce
seulement été possible et quand aurait-il fallu intervenir ? Elle n'en
avait aucune idée, tout ça semblait tellement lointain vu d'aujourd'hui.
Elle se tourna vers Gabriel, qui s'était installé dans l'un des
fauteuils pour se reposer, reprenant lentement sa respiration. Le jeune
homme releva ses yeux violets sur elle avec une lueur interrogative.
La jeune fille s'assit sur le bord de l'estrade, les jambes pendantes, et elle s'enquit :
« Dis...c'est quand la dernière fois que tu es allé voir un film ?
- Je n'y allais pas beaucoup, même avant. Répondit le jeune homme, le souffle court, leur fuite l'ayant épuisé.
- Moi non plus... »
Murmura Eléa en baissant le menton.
Le
silence se prolongea sur plusieurs minutes, pesant sur la salle de
projection, pendant qu'ils se reposaient un peu et qu'ils
réfléchissaient à une échappatoire pour sortir sans danger ou, en tous
cas, en limitant les risques.
S'extirpant vivement de leurs
réflexions en se redressant, tous deux se tendirent subitement,venant
d'entendre la porte de l'accueil claquer.
Les deux jeunes gens
échangèrent un regard inquiet, le visage crispé. Ils n'étaient plus
seuls et, donc, plus en sécurité car il y avait autant de possibilités
pour que ce soit un ennemi qui les ait découvert qu'un ami qui les
rejoigne.
Prudents et ne préférant pas prendre le risque d'attendre
de voir de quelle hypothèse il s'agissait, Gabriel se leva d'un bond et
se précipita vers la petite porte du fond se fondant avec le mur menant à
la pièce de commande où se trouvaient les interrupteurs pour la
lumière, qui risquait de les faire repérer, pendant qu'Eléa restait sur
place en convoquant ses pouvoirs pour le couvrir. Pour ce faire, elle
remonta ses manches,prête à s'entailler les bras ou les mains à l'aide
de la petite lame acérée qu'elle portait sur une bague à l'indexe.
Les
sens aux aguets, elle entendit des pas se rapprocher puis stopper.
Certainement que la personne de l'autre côté avait remarqué la lumière
qui filtrait sous la porte. C'était trop tard pour éteindre les lampes à
présent et il valait même mieux les laisser allumées pour distinguer
quelque chose durant l'affrontement.
Gabriel dû le deviner car Eléa l'entendit dévaler les escaliers pour la rejoindre.
Avant
qu'il ne revienne, la porte menant au halle pivota. Eléa se prépara en
se concentrant, prête à attaquer dès qu'elle aurait aperçu la personne
et eu la confirmation qu'il s'agissait effectivement d'un adversaire.
La
jeune fille banda ses muscles en faisant remonter sa magie, prête à la
lâcher mais, lorsqu'elle découvrit le garçon qui entra, l'hésitation la
saisit et elle ne sut plus vraiment que faire.
Certes, ils étaient
dans des camps opposés mais ils avaient aussi été amis et avaient
partagé plusieurs choses ensemble, plusieurs épreuves.
Surpris lui
aussi de la trouver là, il s'immobilisa en la fixant à son tour. Eléa
demeurait sans bouger, ignorant comment réagir mais, préférant être en
mesure de se défendre au cas où, bien qu'elle doutait qu'il puisse
réellement lui faire du mal, elle passa le doigt sur la lame de son
anneau, se l'ouvrant sur quelques millimètres sans rien montrer, ayant
apprit à supporter la douleur.
Seulement, lorsqu'il vit le sang
s'élever, le garçon paniqua, craignant qu'elle ne l'attaque, et, la
sachant plus puissante que lui, il agit par réflexe, poussé par la peur
et croyant sa vie menacée. Il brandit le pistolet, qu'il tenait à la
main et qui semblait trop grand pour lui, et il tira sans même
réellement viser. La balle partit en direction d'Eléa et le bruit de la
détonation couvrit la voix de Gabriel qui hurla le nom de la jeune
fille.
Cette dernière s'écroula sans véritablement comprendre ce
qu'il venait de se produire, les yeux écarquillés fixés sur celui qui
venait de tirer, ses iris rouges dans ses blanches à lui.
Commentaires (2)
Isahorah
17/05/2024
L'histoire semble prometteuse malgré les maladresses dans la construction de certaines phrases. Ce qui alourdit le texte, c'est dommage. En tout cas, c'est original, un très bon point.
Imagineuse
09/05/2024
C'est toujours intéressant de démarrer l'histoire avec de l'action ! ça nous met dans le bain. (par contre Gabriel arrive comme un cheveu sur la soupe je trouve x) )
J'ai pas compris le sang qui s'élevait, il sort de l'anneau ?