Les Liens de l’Ombre
1. Leurres et indices
"Et c'est ainsi que sa vie prenait un autre tournant..."
Voici comment le narrateur du film, que je viens de terminer, décris son œuvre juste avant le générique de fin. Perplexe devant la télé, je finis par remettre en question ce que je viens de regarder alors qu'Ethan jouait sur son téléphone depuis déjà plusieurs minutes. Est-ce qu'il avait la minuscule chance de s'en sortir ? Pourquoi a t-il préféré partir au lieu de l'aider ? Je n'ai jamais aimé les fins dramatiques ou tristes et ce n'est absolument pas prêt de changer.
Ces vastes réflexions me perdent dans mes pensées. Mon oncle a t-il souffert pendant les dernières secondes de sa vie ?
Cinq ans plus tôt
Ses mots me furent l'effet d'un électrochoc. Je lâchai mon téléphone, s'écrasant contre le bitume une sonnerie retentie quelques secondes après. L'équilibre quitta mon corps, le besoin de m'assoir se fit ressentir aussitôt. Je laissai mon corps s'effondrer sur le premier banc qui croisa ma route afin d'assimiler les mots qui tournèrent en boucle dans ma mémoire.
"Son corps n'a pas supporté l'impact, je suis désolé."
Je passe l'eau qu'il me reste sur le visage afin de me réveiller de ce cauchemar. En plein déni, je ramasse le téléphone sur le sol, désormais fissuré, je compose son numéro un nombre incalculable de fois. Les larmes tombèrent seules sur mes joues, la peine que cette nouvelle me fait est si douloureuse qu'après le temps passé à m'inquiéter de son état de santé après cet accident, la seule manière de me réconforter est de savoir que maintenant il est en paix.
De nos jours
Insatisfaite de la conclusion du film, j'appuie sur le bouton off de la télécommande et me relève, laissant derrière moi le confort du sofa. Mon regard se perd brièvement dans l'éclat du néon décoratif puis, dans un élan d'efficacité, je m'occupe de mon assiette pour la déposer dans l'évier et met de l'eau à chauffer. Un thé relaxant est toujours le bienvenu, consciente que le repos de l'esprit me serait bénéfique avant les épreuves de demain. Tasse en main, je fis volte-face et regagne le canapé sur lequel Ethan est posé, toujours absorbé par son téléphone.
- Nora, dit-il, tu ferais mieux d'aller réviser une dernière fois et dormir. Je te rappelle que tu passes ton examen final demain matin.
Rien n'arrête Ethan quand il décide de jouer les moralisateurs. Néanmoins, il a quand même raison. Il est deux heures passées et, depuis la dernière épreuve qui a eu lieu il y a trois jours, je n'ai même pas relu une seule fiche.
- Je suis beaucoup trop fatiguée pour travailler ce soir...
- Je me doute bien. Revois au moins tes fiches.
Ethan est l'exemple parfait de celui qui prévoit l'ensemble de ses faits-et-gestes, tout est programmé et tout doit être anticipé dans sa vie. Il m'aide beaucoup dans mon organisation personnelle et je dois avouer que je ne m'imagine plus sans qu'il ne me rappelle tout ce que je suis sur le point d'oublier.
C'est d'ailleurs ce qui m'a interpelé chez lui, il y a quatre ans de cela. C'était notre première année universitaire ensemble quand j'ai échoué à mes examens, même si à cette époque, nous n'avions pas encore fait connaissance. Alors que notre école se distingue par son excellence en politique et en droit et admet uniquement les candidats les plus prometteurs, mon score inférieur à la moyenne m'a fait sortir du lot d'une manière peu enviable.
"La règle est claire, Nora : obtiens moins de 12 de moyenne le semestre suivant et tu seras forcée de renoncer à ta position dans cet établissement d'excellence."
La directrice avait été très claire à ce sujet. Dans un programme académique qui respire la compétition à tout va, Ethan avait été le seul à essayer de savoir pourquoi je n'avais pas réussi à exceller au semestre "le plus simple du cursus". Ça fait maintenant deux ans qu'il partage ma vie.
Ethan se lève et se dirige vers notre chambre, sûrement pour aller dormir. Je l'observe de loin se mettre en pyjama et je finis par suivre son exemple. Je fis de même pour rejoindre notre chambre qui est accessible depuis le salon. Il n'avait pas tort, un peu de révision ne ferait pas de mal... je me pencherai sur mes notes une fois devant la salle d'examen.
Alors que je remet de l'ordre dans mon sac encombré depuis la fin des cours et que je sélectionne attentivement les fiches de révision à parcourir avant l'épreuve, mon téléphone se met à vibrer insidieusement Ethan arque un sourcil, distrait par le bruit, mais je préfère ignorer cette intrusion pour entamer mes rituels nocturnes, je retourne dans la chambre et, esquissant un sourire à la vue d'Ethan luttant contre le sommeil.
Amusée, je retire les lunettes du nez d'Ethan pour les poser sur le beau chevet en bois de chêne qui était près de notre lit puis je m'adosse près de lui pour l'observer un moment. Ses cheveux tombent sur ses yeux, ses taches de rousseurs sont parfaitement réparties sur la plus grosse partie de son visage. Il a l'air d'être tellement confortablement installée que je ne suis même pas sûre si je dois lui faire un bisou de bonne nuit. Qu'importe, je le fais quand même et un sourire s'étire faiblement sur son visage. J'en conclus qu'il ne dort pas totalement pour sentir mon baiser, mais qu'il est trop fatigué pour réagir. Je me faufile donc à ses côtés pour succomber à l'appel de la nuit.
Le lendemain
- J'espère pour toi que tu as vraiment révisé cette fois parce qu'ils laissent toujours le cas le plus compliqué en dernier.
Au milieu du brouhaha ambiant, sa voix se détache nettement, véhiculant avec elle un nuage d'incertitude qui vient assombrir mes espoirs naissants sur le talent que j'espère avoir lors de cette épreuve. De qui je me moque...
Je cède à la gravité de mon scepticisme et fais volte-face vers Chloé, qui s'est installée contre le bord du fauteuil sur lequel je suis affalée, plusieurs livres à la main.
- Bonjour Chloé, dis-je remplie de sarcasme, j'espère que tu as passé une bonne soirée hier et que tu te sens prête pour l'ultime épreuve de cette année.
Elle se met à rigoler puis me fait un câlin assez réconfortant tout en s'assurant de jeter ses longs cheveux blonds sur moi avant de m'aider à me relever tant bien que mal. Chloé est littéralement la seule amie que je me suis faite dans cette école. C'est une jeune femme talentueuse, créative et patiente. Elle et Ethan sont ma source de bien-être ici dans cette ville, loin de chez moi.
Ses grands yeux verts m'observent avant de me questionner.
– As-tu pris le temps de regarder les cas numéro 6 et 10 ?
– À ton avis ?, dis-je avec un sourire coupable.
– J'ai confiance en Ethan, il ne t'aurait pas laissé venir ici, un jour d'examen, sans avoir revu tes fiches.
– À vrai dire, j'étais justement en train de lire les fiches que tu espères que j'ai lues hier.
Le silence tombe entre nous, lourd et palpable. Le désespoir qui a traversé son regard se volatilise en un instant et avec un geste machinal, elle se touche la tête, puis trouve les mots à me dire.
– Je suis certaine que tu vas t'en sortir aujourd'hui. Je dois te laisser, on m'attend. Ne stress pas et révise, me dit-elle sur un ton autoritaire.
En la suivant du regard alors qu'elle s'éloigne, j'esquisse un sourire crispé. Une vague de désespoir m'envahit, l'incertitude de mon destin pesant lourd sur mes épaules. En observant les étudiants émerger des salles de classe à côté de la zone de détente, je remarque que certains afficher un air confiant et éclataient de rire, d'autres rester de marbre sans parler de ceux semblent accablés par le désespoir.
De tous les examens auxquels j'ai dû passer pour en arriver là, il s'agit de celui qui me laisse le plus dubitative. Je ne sais pas trop quoi en penser, ni même comment me situer. Chaque cas est précis, on ne peut pas réellement « réviser » les leçons vues en cours, ce serait trop facile, si ce n'est de connaitre les lois et jurisprudences. Chloé, elle se débrouille assez bien, je ne l'ai jamais vu se donner ardemment à la tâche pour réussir un semestre. Comme quoi, certains sont faits pour le chemin qu'ils décident de suivre... À côté, j'ai l'impression de faire presque tâche.
Il est primordial que je réussisse mon année, une seule erreur de parcours est présente dans mon dossier et je n'aurais sûrement pas de seconde chance. C'est littéralement la première étape de la promesse que je me suis faite ce soir là, le soir où j'ai appris la mort de mon oncle.
Mon téléphone vibra dans ma poche en même temps que le surveillant décide de nous faire entrer en classe. Je le regarde brièvement pour vérifier pensant qu'il s'agit juste d'une notification d'un réseau au hasard, mais non, c'est un message de ma mère.
"Bonjour ma puce, j'espère que tu as bien dormi et que tu es réveillée pour ton examen, il commence dans quelques minutes non ? N'oublie pas de me confirmer ton numéro de vol après t'être enregistré."
Ma mère est vraiment l'une des seules personnes avec qui je pourrais parler tous les jours. Je dois avouer que la présence d'Ethan m'aide à ne pas trop penser au fait qu'elle me manque énormément. Je lui répondrais après avoir terminé, je préfère ne pas me mettre la pression... d'autant plus que je n'ai même pas commencé mes valises. Je suis plutôt du genre à tout faire en dernière minute, ce qui a tendance à irriter son côté aussi prévoyant qu'Ethan. Son stress peut être très contaminant par moment.
J'entre alors dans la salle indiquée sur ma convocation en voyant plusieurs personnes debout, nous nous installons quelques minutes après. Une fois tous les bureaux occupés, une présentation du déroulé de l'épreuve se fait entendre. Les feuilles de composition avaient déjà été distribuées sur chaque bureau, je fixe le bout de papier qui définirait mon avenir sans réellement écouter les consignes. Ce sont toujours les mêmes discours, ne pas tricher, ne pas trop prendre son temps, prendre quand même le temps de relire plusieurs fois le sujet, essayer de gérer son temps. Je pense qu'en 4e année, on sait à quoi s'attendre des examens et des consignes de composition.
Les heures ont été plus rapides que ma notion du temps, je n'ai pas été assez rapide pour répondre à toutes les questions, mais j'ai tout de même pris soin de prendre plus de temps sur celles qui valaient le plus de points. Là, est la technique qui m'avait value de siéger à côté des vrais talents de ma promotion.
Ni fière, ni déçue, je rends ma copie sous l'œil compatissant de Chloé, je sais d'avance que je suis la première personne qu'elle cherchera une fois que nous serons tous sortis de la salle d'examen. Il s'agit de la dernière épreuve du semestre avant les vacances, les résultats nous seront annoncés à notre retour de vacances.
Le surveillant nous fait signe de quitter la pièce et le même schéma se reproduit. On distingue nettement ceux qui sont fiers de leur travail et ce qui, comme moi, aurait pu mieux préparer l'épreuve. Je me redresse en cherchant Chloé du regard, elle est sûrement déjà sortie puisque nous sommes cinq étudiants restants.
Je longe le couloir B et descend les trois escaliers qui me séparent de la terre ferme. Prenant le chemin du retour pour rentrer chez moi, j'aperçois Chloé en compagnie d'un cinquième année. En me voyant, elle me fit un grand signe accompagné d'un grand sourire m'indiquant de les rejoindre. L'étudiant se retourne, certainement pour voir à qui elle s'adressait, puis me sourit de loin avant de la saluer et partir.
– Je l'ai fait fuir, on dirait, dis-je sarcastique.
– Non, il devait rentrer rapidement pour rejoindre des amis, m'affirma t-elle enthousiaste. Alors raconte moi !
Je me touche le bout du nez, indécise.
– Oui, tu as raison d'être stressée, Nora. Ces examens définiront qui tu es plus tard, arrête de t'amuser avec tes études.
– Non, ils définiront quelle fonction j'occuperai plus tard. Ils définiront si je peux tenir ma promesse, ou non. Aujourd'hui, je ne peux que laisser le destin décider pour moi.
- De quelle promesse tu parles ? me demande t-elle perdue.
- Laisse tomber, je divague
Elle s'approche pour me faire un câlin.
– Tout va bien se passer, j'ai confiance.
– On verra bien, répondis-je avec un petit sourire aux lèvres.
Mon téléphone vibre de nouveau dans ma poche, quelqu'un m'appelle... J'imagine que c'est ma mère, vu l'heure qu'il est, elle sait déjà que l'épreuve est terminée. Ce serait plus simple de l'appeler une fois seule, je laisse mon téléphone sonner pour me reconcentrer Cholé.
– Tu pars demain, tu es prête ?
– Je suis soulagée de rentrer... je pourrais me reposer et faire le vide dans ma tête, profiter de ma famille et revenir en forme.
– Tu reviendras plus concentrée, j'espère, me dit-elle en arquant un sourcil.
– Oublie moi. Il est hors de question que je révise pendant les vacances.
– Tu devrais songer à prendre des cours de soutien, c'est important. Tu ne pourras pas toujours te contenter du minimum.
– Je sais bien, j'y ai déjà réfléchi. Mais c'est un sujet pour mon retour !
Je m'éloigne d'elle après l'avoir embrassée. Quelques minutes après avoir laissé Chloé, j'appelle ma mère. Nous avions quatre heures d'écart avec le décalage horaire, mes parents ne vivent pas en France, c'est des fois difficile de s'avoir au téléphone, ce qui n'arrange pas les choses.
Après deux tonalités, elle me répond.
- Bonjour ma chérie, comment s'est passé ton examen, me dit-elle enjouée.
Nathalie Davidson, est, je pense la personne dont je ne voudrais jamais me séparer volontairement. J'avais décidé de venir à Paris dans le cadre de mes études, il y a de cinq ans de cela, je voulais, au plus profond de moi, chercher et comprendre. C'est à Georgetown qu'est ma vie, mais cette étape académique n'est que la partie dévoilée de l'iceberg que dont ma famille a connaissance, loin de ma ville.
C'est également la personne la plus enthousiaste lorsqu'il s'agit de mes études. Pour elle, sa fille est la plus intelligente, la plus maligne, et la plus perspicace. C'est peut-être pour cette raison que je doute un peu de ma personne, on pourrait presque comparer ça au syndrome de l'imposteur.
- Pas trop mal, j'espère avoir ce qu'il faut pour avoir mon année, lui répondis je. Ce n'est pas du tout ma meilleure copie.
- Il ne faut pas se contenter du minimum, ma fille. As-tu vu les messages que je t'ai envoyé hier soir ? Ton enregistrement est déjà fait ?
Merci Maman, mais ce n'est pas la première fois qu'on me dit de ne pas se contenter du minimum, certainement qu'ils m'auront à l'usure. J'active le haut-parleur et fouille dans mon téléphone pour voir les messages que j'ai loupé d'elle. À ma grande surprise, les seuls messages qu'elle m'avait envoyés sont ceux de ce matin, elle m'en avait apparemment envoyé pendant la session d'examen.
En me rappelant des notifications de la veille, je fouille de plus belle dans mon téléphone et remarque un appel manqué d'un numéro non enregistré et un message du même numéro inconnu.
"Bonjour Nora, fais bon voyage demain. - FGB"
Perplexe, je range mon téléphone et continue ma conversation avec ma mère qui est toujours au bout du fil. Je rentre demain, mon vol est prévu dans la matinée, mais rien n'est fait, même pas mon enregistrement.
- Oui maman, j'ai vu tes messages, je dois finir mes valises et je ferais ensuite mon enregistrement. C'est maximum deux heures avant le vol.
– Tu voyages demain et tu n'as rien fait ?
– Je sais...
– Ne t'attardes pas trop, occupes toi en dès que tu rentres.
– Oui maman
– Et n'oublie pas de ramener quelque chose pour Nathan et Nina.
Nous raccrochons au moment où j'ouvre la porte de chez moi. Je n'habite pas très loin de l'université, grâce à quelques économies et de l'aide de mon oncle Patrick, paix à son âme, j'ai pu trouver cet appartement et qui m'arrange encore aujourd'hui sur bien des aspects.
Ni une, ni deux, je connecte mon téléphone sur mon enceinte pour me mettre une ambiance un peu plus détendue pour commencer mes valises. Une heure plus tard, mes deux valises sont prêtes et rangées dans un coin de ma chambre. Mon enregistrement fait, j'envoie en même temps un message à ma mère avec le numéro du vol, message auquel elle me répond par un pouce levé. Je n'ai rien prévu pour mon frère et ma sœur, les aéroports propose de bons souvenirs, j'essaierais de récupérer quelque chose à l'aéroport.
Ne pas dormir est une bonne stratégie pour contrer le jetlag. Je m'installe sur le sofa pour mettre une série que je voulais regarder depuis un moment. Après un réveil matinal bruyant et quelques épisodes restants, il est l'heure de se préparer rapidement pour l'aéroport, j'installe mes valises devant la porte et me prépare en vitesse, la fatigue rendant ma tolérance quasi inexistante. Bien heureusement le taxi a été réactif et apparait en un temps record après ma demande.
Installé derrière le conducteur je lutte contre le sommeil et regarde mon téléphone, un message d'Ethan apparut dans la barre de notifications reçu pendant que je regardait la télé et que mon téléphone chargeait.
"J'espère que tout s'est bien passé pour ton examen. Je n'ai pas pu rentrer cette nuit, j'ai passé la soirée avec de la famille, envoi moi un message quand tu arrives demain, fais bon voyage, je t'aime"
Message auquel je répondit directement.
"Désolé, je viens de voir ton message. Pas de soucis, passes de bonnes vacances, tu me manques déjà."
Le trajet vers Georgetown me parait interminable... le ronronnement incessant du moteur et les conversations des voyageurs adjacents m'empêchent de fermer l'œil hantée par l'inconfort, je me lève à plusieurs reprises pour aller aux les toilettes ou simplement pour étirer mes membres endoloris. L'avion, hélas, reste le moyen de déplacement dont je me délaisserais volontiers si le choix m'était donné.
Quelques précieuses heures sont suffisantes pour que je renoue avec la terre qui m'a vue grandir, là où chaque bouffée d'air, chaque rayon de soleil et chaque sourire des habitants revient m'embrasser comme un vieux refrain manqué depuis paris. Mon cœur se gonfle de joie à être de nouveau chez moi.
Cinq ans plus tôt
C'est la meilleure décision pour moi. Partir, prendre un bol d'air frais, après tous les évènements passés, je me sens oppressée. Maintenant 5 mois que Patrick est mort, j'ai besoin de passer à autre chose. Je viens de déposer ma candidature sur la plateforme étudiante, je croise les doigts pour être acceptée.
Mon nouvel objectif est fixé, je me dois de retracer les évènements qui ont causé l'accident de mon oncle. Je sais, d'après ce qu'il me racontait, que le monde ne le portait pas forcément dans son cœur malgré sa notoriété. Je doute que sa mort soit juste la conséquence d'une simple "fuite de carburant", maintenant j'ai besoin de connaissances pour comprendre que je lirais, de contacts pour savoir à qui je m'adresserai, de diplômes pour faire mes recherches en toute légalité et d'expérience pour lui rendre justice complètement.
De nos jours
Avançant en direction des zones d'attente, mon regard capta un groupe d'individus à l'aura inhabituelle, ils échangent des mots avant que l'un fasse volte-face, me fixant brièvement, je souris tentant de dissimuler ma gêne avant que je ne regarde ailleurs, me rappelant que je n'étais qu'une anonyme dans la foule.
Quelques minutes passent avant que je ne l'aperçus face à moi avec un grand sourire affiché sur son visage et son chapeau à la main. Elle me prends dans ses bras et me serre fort contre elle pendant plusieurs secondes. Son visage a un peu changé en trois ans, je vois bien qu'elle prends de l'âge.
- Ma chérie, tu es radieuse, tu as fait bon voyage ?
Je suppose que c'est mon absence prolongée qui lui fait croire que je suis resplendissante, car avec la lassitude qui m'accable, je me sens tout sauf radieuse.
- C'était horrible, lui répondis je. La prochaine fois, je prendrais une place côté couloir pour pouvoir étendre mes jambes.
Elle se met à rigoler puis prend mon visage entre ses mains et me scrute un instant. Je vois qu'elle observe chacun des traits de mon visage.
- Ton visage mûri, est-ce que tu utilises des crèmes ? me demande t-elle les yeux plissés.
Ma mère est dermatologue, elle ne peut pas s'empêcher de scruter la personne en face d'elle pour lui déterminer un type de peau, identifier quel produit utiliser, etc.
- Rien de plus que ce que j'utilisais déjà avant maman.
Je l'entraine vers la sortie pour qu'on puisse enfin rentrer à la maison, je me tarde de retrouver mon lit afin de profiter au mieux et un maximum du moment présent. Je me retourne par curiosité vers le groupe d'hommes que j'avais remarqué plus tôt, ils sont toujours là au loin, ils semblent attendre quelqu'un. Ils sont quatre à être debout avec des lunettes de soleils assez grandes, l'un se tourne de nouveau vers moi en me souriant cette fois, prise de panique, je me retourne afin de continuer mon chemin et suivre ma mère jusqu'à sa voiture, comme si de rien n'était.
Je m'installe côté passager et met ma ceinture. En jetant un petit coup d'œil vers la porte de sortie, l'un des hommes s'était déplacé pour passer un coup de fil, là ou je me tenais quelques minutes plus tôt, en parlant avec les mains, assez peu commun. Nous arrivons à la maison en un peu plus de 30 minutes, beaucoup trop fatiguée pour regarder les minutes passer ou même l'heure qu'il est, je descends du véhicule avec un mal de crâne énorme. Même si le paysage n'a rien à voir avec Paris, je prends mes valises rapidement et monte les escaliers du perron. Une fois à l'intérieur, je me dirige directement vers ma chambre
- Je vais me coucher maman, je suis trop fatiguée.
Même si j'avais un peu réussi à me détendre un peu, ce n'est pas assez. Ma chambre est exactement comme je l'ai laissée, avec mon lit parfaitement fait, mes peluches qui décorent mon lit, mon bureau sous lequel sont rangés certains livres que j'adorais lire et relire et ma petite coiffeuse qui laissent encore apparaitre le reste de mes premiers pinceaux de maquillage et quelques crèmes de soins. J'entends mon téléphone vibrer dans ma poche.
"Bonjour Nora, repose toi bien ce soir. - FGB"
Je ne comprends pas, le même numéro inconnu me contacte trois fois de suite. Je ne connais personne dont ces lettres sont les initiales. La curiosité me prends.
"Qui est-ce ?"
La réponse fut presque imminente.
"Tu vas le savoir très bientôt"
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