Le réveil de Léana sonne étonnamment tôt ce matin. Il affiche six heures précises. Elle prit un moment pour ouvrir ses yeux et revenir à elle. Une chose est sûre, elle n’a jamais été du matin. Elle prit tout de même la peine de s’asseoir dans son lit, ses yeux encore à demi clos. Elle se sent étonnamment légère ce matin. Pourtant, elle a passé la soirée à pleurer. Ses yeux sont encore bouffis et rouges. Après de longues minutes à contempler le vide tout en ressentant pleinement ce sentiment de plénitude, elle se lève.

Elle va comme à son habitude dans sa salle de bain mais cette fois, elle fait une chose différente de l’ordinaire. Elle attrape un coton, y verse de l’eau de rose et nettoie son visage. Cette soudaine fraîcheur l’aide à se réveiller davantage. L’odeur qui s’en dégage est agréable. Elle applique ensuite une crème hydratante et contemple son reflet dans le miroir. Ses cheveux ont la couleur du chocolat, ses yeux la couleur de l’océan et ses lèvres d’un rose claire comme la pivoine. Fleur qu’elle affectionne particulièrement. Elle amène sa main à son visage pour toucher ses cernes. Elle soupire. Après avoir enfilé sa tenue de sport et attaché ses cheveux en chignon elle descend les escaliers.

- Bonjour tout le monde. Lança t’elle en entrant dans la salle à manger.

- Bonjour Léana, tu as bien dormi ? Demanda sa mère.

- Comme d’hab. Dit-elle en haussant les épaules.

Elle prend un fruit et s’installe à la table. Son frère ne tardait pas à les rejoindre.

- Bien le bonjour cher maman. Il embrasse sa mère sur la joue puis tourne son regard vers Léana.

- La moche. Lance-t-il à son attention. En fixant son regard droit dans les yeux de Léana.

- Tais-toi un peu Marcus, on aimerait bien profiter d’une matinée sans entendre tes sarcasmes.

- Vous n’allez pas vous disputer si tôt quand même ? Bonjour à toi aussi Marcus, tu veux quelque chose pour ton petit déjeuner ?

Marcus est à peine plus grand que Léana et pourtant, il est de 3 ans son aîné. Contrairement à elle, il est blond mais la couleur de ses yeux est identique à ceux de sa sœur.

Elle n’aime pas beaucoup son frère. Elle n’apprécie pas la manière dont il se comporte avec les filles et a de très mauvais souvenir de son enfance avec lui. Une fois son fruit terminé elle se lève et va mettre ses baskets.

- Je vais courir.

- Tiens c’est nouveau ça. Lança Marcus d’un ton moqueur. Tu as enfin décider de prendre ton corps en main ?

Sur ces mots qu’elle ne prend pas la peine d’écouter, elle claque la porte et met ses écouteurs. Léana n’est pas particulièrement ronde. Elle a des kilos en trop certes et cela la complexe mais elle n’est pas ronde pour autant.

Elle emprunte des rues qu’elle connait comme sa poche. Ses rues, elle les a arpentées et empruntées tous les jours depuis son entrée au collège. Elle rentrait systématiquement à pied après chaque journée de cours. Elle n’aime pas cette ville, ses écoles, ses habitants. Elle déteste tout de sa vie actuelle. Tout sauf lui.

Léana à 21 ans. Elle vient d’obtenir son diplôme et a pour projet de partir rapidement de chez ses parents. Elle ne peut plus vivre en leur compagnie, ne peut plus rester dans cette maison ou elle ne respire plus, ne peut plus voir ces mêmes paysages qui l’emprisonnent et ne peut plus voir ces personnes qui lui donnent la nausée. Elle veut partir et ouvrir ses ailes. Elle veut voir si elle peut trouver le bonheur ailleurs. Ce bonheur qu’elle convoite tant mais auxquels elle n’a jamais eu droit.

Alors qu’elle repense à tout ça elle s’essouffle plus rapidement et du faire une pause. Les larmes lui montèrent. Comment sa vie peut être aussi triste et aussi vide. Elle n’a plus d’amie. Sa seule amie est partie avec son ex copain avec qui elle vient de rompre. Comment a-t-elle pu être aussi bête pour ne pas voir qu’elle le convoitait. Comment a-t-elle pu sacrifier 10 ans de précieuse amitié remplie de soirée pyjama et de bêtise en tout genre pour s’en aller avec le garçon qu’elle a le plus aimé ? Elle se retrouve à présent seule. Seule avec une tristesse énorme à porter sur son dos.

Alors qu’elle reprend doucement son souffle, elle contemple le ciel. Il fait particulièrement mauvais aujourd’hui.

- Il ne faut plus que je pense à cela. Songea-t-elle. Il vaut mieux laisser le passé au passé.

Elle sent la détermination s’emparer d’elle. Elle veut que ça change. Elle ne veut pas céder à ses idées noires. Aujourd’hui est un autre jour. Elle a suffisamment versé de larmes. Quelque chose en elle a changé ce matin. Elle le sent au plus profond d’elle-même. Elle a l’impression d’avoir franchi un cap, que cette fois-ci, ce serait vraiment différent. L’air du changement vient de commencer.