La rêveuse maudite

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La rêveuse maudite

La rêveuse maudite

Ghazela


1. poème énigme

C’est dans la douceur de la nuit que Ghazela survolait le verger. Elle caressa le ruisseau du dos de sa main, elle ne sentait pas sa fraicheur, comme c’était étrange.

Elle se sentait légère et sereine sous cette nuit étoilée, les nuits d’été avaient une odeur particulière.

Au loin elle entendait une musique qu’elle reconnaissait vaguement. C’est en essayant de se souvenir qu’elle se réveilla.

Son portable affichait sept heure Ghazela se retournait dans ses draps en maudissant le matin.

Pourquoi se sentait elle fatiguée tous les jours de sa vie ? Elle n’avait pas vraiment le temps de méditer sur la question. C’est le pas trainant qu’elle se dirigeait dans la salle de bain pour faire couler de l’eau chaude. Et dans la cuisine pour allumer la bouilloire et faire griller un toast.

Une fois lavée et habillée d’un jean et d’un pull sans forme elle engloutit une tartine et sa tasse de thé encore fumante.

Elle regardait son reflet dans le miroir de sa chambre, et y voyait une fille maigre et brune aux cheveux encore mouillés qui s’arrêtaient sous ses oreilles. Elle était petite et d’aussi loin qu’elle se souvienne elle avait toujours eu des cernes sous ses yeux. Elle avait la peau dorée et un visage en forme de cœur. Elle était de celles qui avait une beauté banale mais ses yeux noisettes en amande avec de longs cils noirs et son grain de beauté sous son œil droit venait souligner sa beauté en apportant une touche finale.

Cela faisait trois mois qu’elle travaillait en tant que serveuse dans le Art café. Son objectif était d’économiser pour ses futures études d’art. La faculté prestigieuse J.W Waterhouse n’avait pas de programme de bourse et elle coutait très chère. Elle se trouvait en nouvelle- Angleterre dans la ville de Boston.

Ghazela elle vivait à Campton dans le New Hampshire aux États Unis depuis son enfance. Elle n’a jamais connu ses parents et avait grandie avec sa grand-mère Syrielle Benafi. Mais celle- ci était en maison de retraite depuis un an à la suite de sa maladie d’Alzheimer. Ghazela s’occupait de la maison où elle avait grandi, seule. Heureusement sa grand- mère en était propriétaire, elle n’avait donc pas de loyer à payer.

Ghazela se changea au vestiaire pour porter l’uniforme du café couleur lavande. Un chemisier à manche courte et une jupe qu’elle portait par- dessus son jean. C’était un café assez épuré inspiré d’Hokusai avec une fresque de la vague.

- Salut la compagnie, marmonna Ghazela en entrant dans les cuisines.

- Je vois que tu es toujours en forme ma belle répondit Arthuro en se lisant la moustache, un sourire au coin. C’était un homme jeune et rondouillard, il portait un tablier et une casquette lavande.

- Ne m’en parles pas, je suis née avec des cernes jusqu’au menton. Échanger des banalités à une heure aussi matinale lui coûtait. Elle n’était pas très sociable et préférait la solitude à la compagnie des êtres humains qui l’entourait. Mais elle savait rester elle-même et ne jouait aucun rôle, sa franchise la rendait appréciable ou détestable.

- Vous les jeunes toujours dans la nonchalance, souries à la vie et elle te souriras c’est ce que ma mère me dit depuis ma tendre enfance.

- Vous les jeunes ? Tu as seulement 3 ans de plus que moi papi. Arthuro éclata de rire face à cette remarque.

Ghazela ne manquait pas de mordant et avait un jolie traie d’esprit. Ce qui était une qualité chez elle mais aussi un défaut. Elle pouvait manquer de diplomatie et de discipline, ce qui avait tendance à lui attirer des problèmes.

Elle faisait partie des esprits libres qui peuplent ce monde. Elle rejetait toutes figure d’autorité, et ne voulait pas entrer dans les cases, ce qui n’était pas du goût de tous.

Après son service elle rejoignit son amie d’enfance Lisa « chez Gino » sa pizzeria favorite.

- Salut la serveuse, deux cafés pour la six ! Lisa était une petite blonde qui ne manquait pas d’humour. Avec de grands yeux bleus et sa peau pale, elle ressemblait à une poupée de porcelaine.

- Tu te crois drôle, je te prierais de ne pas dénigrer mon métier mademoiselle, répondit-elle avec un sourire au coin. Elle s’installa sur la banquette en face de son amie.

- Bon parlons de choses sérieuses, où en es-tu dans ta candidature pour l’école ? Son visage s’éclaira, les rêves de sa meilleure amie lui tenait à cœur.

- J’ai mieux comme sujet, on mange quoi ? elle détourna le regard car elle n’avait pas envie d’en parler.

- J’ai déjà commandé les pizzas une margareta pour toi et une quatre fromages pour moi donc ne change pas de sujet. Elle fixait Ghazela pour la sonder.

- Tu es la meilleure, je meurs de faim. Pour l’école j’ai candidaté et j’ai eu la réponse par mail je suis sur liste d’attente. Et ce n’est pas plus mal vu que je n’ai même pas les moyens de payer un semestre pour le moment. Elle marmonnait tout en regardant ses ongles afin d’inspecter leurs propretés.

Ghazela n’avait pas vraiment envie d’en parler, car ce serait comme rendre les choses réelles. Elle n’aspirait à rien d’autre qu’au dessin et l’écriture. Elle ne voulait pas être serveuse toute sa vie, sa seule porte de sortie c’était cette école prestigieuse. Elle voulait rendre fière sa grand-mère qui s’était toujours dévouée pour sa petite fille.

On pouvait lire la déception sur le visage de Lisa.

- Ce n’est pas un refus total, tu as encore tes chances, et tu pourras continuer à économiser.

- Je vais devoir servir combien de café encore ? L’irritation s’entendait sans sa voix. Le disque de la commande se mit à vibrer.

- Sauver par le gong, je vais aller chercher nos pizzas, ne rumines pas trop. Lisa se leva pour apporter le disque au comptoir.

Après leurs diner les filles prirent le métro direction Riverside. Lisa s’arrêtait à la station de Chestnut Hill et Ghazela celle de Woodland qui était l’avant dernière.

En sortant de la bouche de métro, le froid était mordant en cette fin de soirée. Le vent s’engouffrait dans ses cheveux bruns, elle voutait ses épaules pour se protéger de l’air glaciale. Ne regardant que ses pieds en marchant, elle bouscula une vielle dame.

- Toutes mes excuses madame, dit-elle en poursuivant son chemin.

La dame ne répondit pas tout en avançant d’un pas trainant. Le regard de celle-ci surprit Ghazela, car il était vide. Et sa démarche aussi était surprenante, car elle avait l’air agile et en forme pour une grand-mère aux cheveux blanc. C’était comme si son physique ne collait pas avec son attitude.

Tout à coup Ghazela sentie une étrange énergie flotter dans l’air, un frisson la parcouru, elle resserra machinalement sa veste. Les pas de la vielle dame s’arrêtèrent sur le bitume humide.

Une voix rauque gronda du fond de sa gorge :

- Les marcheurs s’y accrochent comme des naufragés,

Sans elle rien ne sert d’avancer

Elle nous guide tout en fixant l’horizon

L’astronome est sur le sentier de la rose des vents.

Ghrazela regarda la vielle dame d’un air incrédule :

- Je vous demande pardon ? De quoi parlez-vous au juste ?

La dame ne répondit pas et s’éloigna, et laissa sur son passage un morceau de papier. Ghazela le ramassa, et c’était cet étrange poème énigmatique qui était griffonné dessus. Ghazela le fourra dans sa poche par réflexe et rentra chez elle.

Arrivée dans sa maison elle filait sous la douche afin d’effacer la déception de la réponse de l’école de ses rêves, ainsi que cette étrange fin de soirée. Que s’était-il passé exactement ? Que lui voulait cette femme ? la connaissait elle ou était-ce une illuminée échappée d’un asile ? Ghazela opta pour la seconde option et décidait de se concentrer sur son avenir.

Cette nuit-là encore elle fit le même rêve que la nuit précédente. Elle survolait le verger sous un ciel étoilé. Mais cette fois ci elle remarquait une étrange porte entre deux pommiers qui n’était pas là avant. Cette porte était petite et sculptée dans un bois ancien. Elle décidait de s’y approcher, une fois la porte ouverte elle tombait dans une étrange bibliothèque exiguë éclairée par un feu de cheminé. Malgré l’étroitesse de la salle, les murs étaient couverts d’ouvrages. La pièce était ronde et en son centre il y avait un tapie sur lequel était disposé un bureau où était posé un carnet en cuir bordeaux. Quand Ghazela s’en approchait il s’ouvrit sur une page ou était noté ceci :

C’est aujourd’hui que ton éveille commence, apprends à voir au-delà des mots. Les sœurs te guideront le long du voyage.

Ces mots raisonnaient encore dans sa tête lorsqu’elle se réveilla.

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