Unwanted heroes

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Sleepy_Froggie


1. Chapitre 1 : La fuite

Dans l'aile Est du château, des bruits de pas résonnaient. Une course contre la montre venait de commencer, non loin de là où la princesse aurait dû se trouver à cette heure-ci. Mais Nethelia, une fois de plus, avait décidé de désobéir à son père, le roi des Landes Rouge, pour goûter au plaisir de la liberté. Elle aurait tout fait pour s'enfuir de cette chambre, de ce château, et même de ce royaume. Elle rêvait d'être quelqu'un d'autre, n'importe qui n'importe où. Tant que c'était loin de ce royaume. Mais ce qu'elle désirait le plus quitter, ce n'étaient pas ses obligations de future reine ou ses cours de bien séance. Ce qu'elle désirait plus que tout oublier, c'était sa famille. Ou du moins, ce qu'il en restait. Sa mère et son frère jumeau étaient tous les deux morts lors d'un accident il y a de cela 7 ans. Ce qui l'avait laissé sous la garde unique de son père. Elle avait rêvé de nombreuses fois d'être morte ce jour-là avec eux. Car les tortures de son père étaient bien pires que toutes celles qu'elle pourrait bien subir dans l'au-delà.
Nethelia n'en était donc pas à sa première tentative de fuite. Elle avait presque réussi une fois, alors qu'elle n'avait que 13 ans. Elle s'était préparée pendant des semaines, et avait presque atteint les murs de la ville, quand un garde l'a reconnu et ramené dans sa cage dorée. Par la suite, la sécurité a été augmentée, et elle n'a plus jamais réussi à quitter l'enceinte du château.
Mais ce soir, tout est différent. Cette fois-ci, elle n'est pas seule. Au cours de ses années d'enfermement, elle avait eu le droit à la visite d'une seule personne : Eila, sa future conseillère et fille du conseiller du roi. Elle se connaissaient depuis leurs plus jeunes âges. Eila, âgée d'un an de plus que Nethelia, avait emménagé au château avec son père lorsqu'elle avait 7 ans. Si le courant n'était pas passé immédiatement entre elles, elles avaient finis par devenir plus proche avec les années. Et après un bon nombre de crêpage de chignon, elles étaient aujourd'hui meilleures amies.
Ainsi, lorsque Nethelia lui avait confié son envie de s'enfuir, et les raisons derrière, Eila avait accepté de l'aider sans hésiter. Elle était devenue ses yeux et ses oreilles. Lorsque Nethelia était en isolement, Eila se faufilait par les passages souterrains et venait lui tenir compagnie en lui racontant ce qu'il se passait en ville. Ensemble, elles avaient planifié le départ pendant des mois. Tout était fin prêt. Tout ce qu'il leur restait à faire, c'était attendre le soir de la lune rouge. Elles avaient choisi cette date parce que c'est une cérémonie très importante pour les jeunes du royaume. C'est ce jour-là, lorsqu'ils atteignent 18 ans, que leur premier socle de pouvoir est débloqué. Il arrive dans de très rares cas que celui-ci ne soit pas débloqués à cause d'un manque de pouvoir. Dans ce cas, ils pourront réessayer l'année prochaine. Dans de cas encore plus rares, deux socles peuvent être débloqués en même temps. Dans ce cas-là, l'enfant doit être surveillé et entraîné par les prêtres supérieurs pour ne pas perdre la tête face à de trop grands pouvoirs.
Cette année, Nethelia allait avoir 18 ans. C'était son année de cérémonie. Choisir cette date était le meilleur moment, car tout le monde sera trop occupé par les préparatifs, le roi y compris. Tout le monde fera la fête, les rues seront bondées. C'est le moment parfait pour passer inaperçu. Mais elles devront avoir quitté la ville avant le levé de la lune rouge. Sans ça, si Nethelia perd connaissance, ce qui est très commun lors de la cérémonie, on pourrait la reconnaître et la ramener à nouveau chez elle. Et si elle se faisait prendre une nouvelle fois, ce n'était pas le donjon qui l'attendait, mais la guillotine. Son père ne laisserait jamais passer un tel caprice en ce jour si important.

Mais le jour de la nuit rouge arriva. Et malgré la peur, elles devaient s'en tenir au plan. Eila avait rammené des baies endormies du marché noir, et les avaient données à Nethelia. C'était la première phase du plan, neutraliser les gardes postés devant sa chambre. Elle aurait aussi bien pû s'enfuir par la fenêtre, si son père ne l'avait pas barricadé il y a 3 ans après une de ses tentatives infructueuses. Ce jour-là, elle s'était réveillée dans son lit, un bras dans le plâtre et un fer à la cheville. Donc aujourd'hui la seule option qu'il lui restait était cette porte gardée par 4 soldats.
Un peu plus tôt dans la journée, elle avait supplié une des cuisinières de la laisser cuisiner avec elle en prétextant qu'elle s'ennuyait à mourir. Et la pauvre femme débordé par les préparatifs n'avait pas pu lui resister. Cela aurait été du suicide de refuser une paire de main en plus. Elle avait donc sans problème pû faire une fournée de biscuits spécial garde. Dans chaque biscuit rond, elle avait glissé 4 baies endormies. Sans goût et sans odeur, c'était l'ingrédient parfait. Mixé aux fruits de sang pour cacher leur chaire rouge, elles devenaient invisibles. Il aurait fallu avoir des capacitées magiques pour réussir à les détecter.
Pour la suite, rien de plus facile que de cacher des biscuits dans une robe bouffi. Elle remerciait son père qui avait inconsciemment aidé son évasion.
Dans le château, s'était l'effusion partout, mais devant sa chambre, un silence de mort reignait. En effet, son père l'attendait devant la porte, l'air contrarié.

- Qui t'as dit que tu avais le droit de sortir ? Où est-ce que tu étais ?

Rectification, il était furieux. Son nez commençait à se plisser. Ses dents pointaient à travers un sourire crispé. Il était à deux doigts de laisser sa colère exploser. Les gardes ne bougeaient pas d'un milimètre. Ici, tout le monde était habitué aux exès de colère du roi. Il valait mieux ne rien voir, fermer les yeux et se taire pour rester en vie. Tout ce qui comptait, c'était survivre.

- Je t'ai posé une question sale petite ingrate !
La baffe vola. Plus forte qu'hier. Il était sous une pression énorme à cause de la cérémonie. Tout devait être parfait. La lèvre en sang, elle le regarda dans les yeux. Sa voix avait réussi à faire siffler ses oreilles. Ou peut-être était-ce la baffe ?
- J'aidais pour les préparatifs. Père.

- Comment oses-tu me défier du regard espèce de !

- Mon roi.
Le roi fit volte-face. Qui pouvait bien oser l'interrompre ? Le conseiller du roi, la seule personne sur cette maudite terre qu'il acceptait d'écouter. À croire qu'il l'avait ensorcelé et le tenait en laisse.

- Si vous l'abîmez trop, cela va se voir à la cérémonie. Et cela risque de ternir votre image. Votre peuple vous aime et a hâte de voir votre fille. Vous ne pouvez pas lui présenter une simple souillon. D'ailleurs, mademoiselle, je vous conseille fort d'aller vous préparer, cela risque de vous prendre un moment pour vous débarrasser de toute cette crasse...
Le regard moqueur, l'air sournois... Comment cet homme abject pouvait-il être le père de la douce Eila ? Elle devait sans doute tenir plus de sa mère que de son père. La seule chose qu'elle avait héritée de son père était ses yeux dorés, similaires aux étendues de sable qu'on trouverait dans le Sud.

- Vous avez raison. Je vais finir les préparatifs dans mon bureau. Et toi.
Le roi s'approcha de Nethelia. Si prêt qu'elle pouvait sentir la rage bouillonner dans ses veines. Il l'agrippa par les cheveux et tira si fort que ses pieds ne touchaient presque plus le sol. Il lui arracha un gémissement de douleur.

- Si je t'attrape encore une fois à traîner hors de ta chambre, tu ne vivras pas assez longtemps pour voir le lever de la lune rouge ce soir.

Il la relâcha et elle tomba violemment sur le sol. Sur ce geste, il s'en alla d'un pas décidé. Elle attendit quelques minutes sur le sol pour reprendre ses esprits. La malnutrition et les coups de son père avaient rendu son corps faible. Mais son esprit, lui, n'avait jamais été aussi fort. Les 4 gardes postés autour d'elle n'avaient pas posé un seul regard sur elle. Ici, personne n'oserait aider la princesse et contredire le roi. Cette décision cruelle remonte à bien des années maintenant.
Un jour, lorsqu'elle avait une dizaine d'années, le roi avait violemment agressé sa fille, et l'avait laissé gisant sur le sol pendant qu'il finissait son repas. Un nouveau chevalier avait été assigné en tant que garde de la princesse cette semaine là. Il avait tenté de l'aidé à se relever en lui tendant la main. Le lendemain, ce chevalier est revenu, une main en moins. La nouvelle s'est vite rependu, et personne n'a plus jamais aidé la princesse, à l'exception d'Eila. Elle se savait intouchable.
En parlant du loup, Eila arriva dans le couloir. La tête droite, le visage fière, elle traversa la distance qui les séparait en trois pas. Elle aida Nethelia à se relever, et s'engouffra dans sa chambre. Une fois sur son lit, elle sortit les biscuits de sous sa robe. Le visage d'Eila s'illumina.

- Tu as réussi !

- Tu as ce qu'il faut ?

- Bien sûr !
Eila sortit de sa sacoche une boite en bois ornée du symbole de la capitale, accompagnée d'un petit mot. Elle plaça les biscuits à l'intérieur et referma la boîte. La pièce de théâtre pouvait commencer. A 18h pile, le roi part prendre son bain, et le dîner commence à 20h. Ce qui laissait jusqu'à 19h, l'heure à laquelle le roi sort de son bain, à Nethelia et Eila pour agir. Il fallait aller vite.

Eila prit une grande respiration et commença à réciter ce qu'elle avait appris par coeur, assez fort pour que les gardes l'entendent de l'autre côté de la porte.

- Quoi ?! Ils t'ont envoyé ça ? J'espère que tu n'y as pas encore goûté !! Ca pourrait être empoisonné !

J'ai toujours admiré le sang-froid et la facilité qu'Eila avait à mentir et à jouer un rôle. Elle serait devenue une grande actrice de théâtre si elle ne devait pas être ma conseillère. Elle ouvrit les portes dans un grand fracas et avança en faisant claquer ses talons derrière elle. Dans ses mains se tenaient les fameux biscuits.
- Gardes ! On a envoyé cette boîte de biscuits à la princesse. Elle porte le sceau de Solaris, et vous n'avez même pas daigné goûter les gâteaux avant de les lui donner !

Les gardes se regardaient entre eux, perplexe.

- Vous devez mourir pour la couronne. Vous n'avez pas le droit d'aider la princesse, mais vous avez reçu l'ordre de la protéger de l'extérieur. Alors, je vous ordonne de goûter ces biscuits. Tous. Si la princesse est empoisonnée à cause de vous, en plus, un jour si important pour le roi, vous pensez qu'il arrivera quoi à votre famille, hein ? Vous, vous serez exécuté sur le champ, mais vos frères, fils, époux et pères seront envoyés aux champs, et vos sœurs, mères, épouses et filles seront envoyées au putoire ! Ou pire encore, ils pourraient servir aux docteurs.

Un grand silence parcouru tout le couloir. Un des gardes tremblait de tout son corps. Il était jeune, cela se voyait. L'un des gardes croqua dans un biscuit, et les autres firent de même. Une fois tous les biscuits croqués, tout le monde retenait son souffle. Les minutes passèrent, et aucun effet ne se faisait ressentir.

- Les biscuits ont l'air inoffensifs mademoiselle.

- Bien. Merci d'avoir fait votre travail.

Eila était un ange, mais à la langue aiguisée. Une fois de retour dans la chambre, la porte bien fermé, elles n'avaient plus qu'à attendre. Une longue minute s'écoula, puis un premier bruit se fit entendre, suivis de trois autres. Les gardes s'étaient écroulés, un filet de bave au coin des lèvres. Elles refermèrent la porte après avoir traîné, non sans mal, les gardes à l'intérieur. Une fois à l'intérieur, elles enlevèrent leurs armures et les disposèrent à l'extérieur, là où les gardes étaient sensés être postés. Eila utilisa un sort d'illusion pour maintenir les armures en place. C'était comme si les gardes n'avaient jamais bougé de leur place. Ces armures vides allaient pouvoir servir de pantin et éviter d'alerter les servantes trop tôt.

- Eila, tu es un génie.

- Ne cris pas victoire trop vite, il faut qu'on aille récupérer les affaires dans la tour. Vient.

Eila guida Nethelia dans les couloirs du souterrain avant de rejoindre la tour. Ce château était construit sur un vrai labyrinthe. Il était possible de se déplacer dans la quasi totalité du château sans jamais vraiment y être. Elles s'arretèrent net devant un escalier en colimaçon. La tour. Elles y étaient. Elles montèrent les marches quatre à quatre à en perdre leur souffle. Tout en haut, il y avait une lourde trappe à pousser pour rentrer dans le château. Sans un bruit, elles poussèrent un grand coup. La trappe s'ouvrit sans un bruit. Eila avait prévus de placer un tapis là où la trappe était sensé se poser une fois ouverte. Elles la referma avec précaution, et entamèrent la dernière monté dans ces escaliers à donner le tourni.
Une fois dans la pièce, Eila jeta un tas de vêtements aux pieds de Nethelia.
- Met ça. Tu passeras inaperçu.

- Où est-ce que tu as trouvé tout ça ?
Nethelia espérait de tout coeur qu'Eila n'allait pas dire qu'elle avait volé ces vêtements à des pauvres gens.

- Et bien... disons que je suis passé sous quelques cordes à linges... Et que j'ai rattrapé les vêtements qui tombaient malencontreusement par terre à ce moment là. Tu te rends compte, je ne pouvais pas les laisser là dans la boue !

- Eila !

- Quoi ? Tu aurais préféré partir habillé comme ça ? En robe bouffante ? On dirait un dessert à la crème.
Nethelia se regarda un instant avant d'étouffer un rire. C'est vrai qu'elle ne passerait pas incognito dans cette tenue. Sans oublier que les nombreuses couches de tissus l'empêchait de bouger librement. Elle serait bien incapable de courir, même si sa vie en dépendait.
Elle manqua de s'étouffer avec les froufrous en enlevant sa robe. Mais après quelques jurons et un coup de main bienvenue, elle était enfin débarrassé de ces couches de vêtements.

- Tu portes encore ce corset...

L'image de son corps lui revenait dans le miroir face à elle.
Ses formes, elle en avait honte. Elle n'avait de cesse d'essayer d'aplatir sa poitrine et de cacher ses hanches. Mais plus elle grandissait, plus son corps se développait. Et elle détestait ça. Elle aurait aimé pouvoir en parler à sa mère, lui demander si elle aussi elle avait vécu ça en grandissant. Si on finissait par s'approprier son corps un jour. Mais le seul exemple féminin qui était à ses côtés était Eila, qui ne se posait pas du tout ce genre de question. Elle se contentait de toujours porter la même tenue pratique et confortable.

- C'est plus pratique. Et comme ça je peux passer pour un homme devant les gardes.
Étrangement, l'idée de passer pour un homme ne lui déplaisait pas. Mais il était hors de question qu'elle en parle à Eila. D'autres personnes ont été exécuté pour moins que ça.
Eila soupira. Elle s'inquiétait pour son amie. Elle trouvait son comportement étrange, mais ce n'était ni le lieu, ni le moment d'en discuter. Elle attendit que Nethelia soit complétement habillé pour lui donner un sac.

- Qu'es-ce que c'est ?
Nethelia soupesait le sac d'une main. Peut importe ce qu'il comportait, c'était très léger.

- Tu pourrais en avoir besoin.

- Merci. Merci pour tout.

- Neth...

- Bon, on y va ?

Eila attrapa le bras de Nethelia. Des larmes roulaient le long de ses joues. Elles se serrèrent dans leurs bras un long moment. Plus personne ne parlait. Seul le battement de leurs coeurs résonnait. Eila la serra plus fort contre elle et murmura à son oreille.

- Neth, pardonne-moi.

- Quoi ? Pourquoi ?
Elle se recula et se mit dos à la porte. Elle essuya rapidement les larmes qui perlaient encore sur ses yeux et regarda fixement devant elle. C'était comme si elle avait perdu toute émotion en quelques secondes. Elle ne bougeait plus, on aurait dit une coquille vide. Elle était exactement dans le même état que lorsqu'elle se préparait à réciter un mensonge.

- Eila..?

Nethelia fit un pas vers elle, et toute la pièce se tinta de rouge. La nuit rouge avait commencé. Une douleur vive l'assailli. Elle avait l'impression qu'on plantait des aiguilles dans tout son corps. Sa nausée commençait à monter. Elle devait se tenir au mur pour ne pas tomber. Tout tournait autour d'elle. Le silence régnait toujours, jusqu'à ce que des bruits de pas se fassent entendre. Des pas lourds, lents. Des pas qu'elle ne connaissait que trop bien. Elle secoua la tête pour essayer de reprendre ses esprits.

- Eila, tu... tu dois t'en aller ! Cache toi ! Sinon il va te...

Trop tard. La poignée trembla, et la porte s'ouvrit. Le désespoir la gagna. Elles étaient condamnées. Il les dominait de toute sa hauteur. Son aura était écrasante. Nethelia était figé, piégé comme un lapin devant une lumière. Elle n'avait aucune issus.

- Mon roi.

Eila s'agenouilla devant lui et baissa les yeux.

- Je vois que tu as bien remplit ton rôle. Bravo Eila. Je vais m'assurer que tu ais une place de choix dans la bibliothèque royale. Tu as su te montrer fidèle à ton seul, et unique souverain.

- Je vous remercie.

Nethelia cherchait en vain le regard de son amie. Mais elle ne leva pas un seul instant les yeux vers elle. Elle avait envie de crier son nom, de l'appeler pour qu'elle se réveille. De la supplier de la suivre. Elle était obligatoirement sous l'emprise de son père. Elle n'aurait jamais fait ça de son propre chef. Mais la réalité l'assomma alors que son père avançait vers elle. Elle n'avait plus personne. Tout était fini. Sa seule amie l'avait trahi elle aussi. Ses bras tombèrent de part et d'autre de son corps frêle.

- Tu veux savoir pourquoi ta petite amie t'as abandonnée ?

Il prit son visage dans sa main rugueuse. Il avait des yeux de fou et un rictus mauvais sur les lèvres. Il était tellement satisfait de sa réussite.

- J'ai demandé à Eila de me raconter tous tes faits et gestes. Et lorsqu'elle m'as dit ce que tu étais entrain de manigancer contre moi, je lui ai dit de t'aider, de jouer le jeu.

Les larmes roulaient sur le visage rouge de Nethelia. Le roi la rejeta contre le mur. Une simple table en bois les séparait maintenant. Elle se sentait si misérable. Elle n'aurait jamais dû lui faire confiance. Elle aurait bien dû le savoir que personne ne voudrait l'aider. Que personne ne voudrait l'aimer.

- Regarde toi, pauvre petite chose. Bouhou, ma meilleure amie m'a trahi, mon papa est méchant avec moi, ma maman et mon frère sont morts... Et tu ne t'es jamais demandé pourquoi ? Tu ne t'es jamais dit que tout ça c'était peut-être de ta faute ? Qui avait voulu sortir ce jour-là déjà, rappelle moi ?

Ses mots s'infiltraient toujours plus profonds dans sa tête. Un poison qui l'empêchait de tourner la page sur son passé. Mais s'il avait raison au final ? Elle ne voulait pas y croire, mais une petite partie d'elle se demandait qu'ils ne seraient pas encore en vie aujourd'hui sans elle.

- C'est...

- Va y dit le, je veux t'entendre le dire.

Elle esseyait désespérément de respirer. Elle prenait des goulées d'air comme si c'était la dernière. Elle avait l'impression de se noyer. Se noyer dans la vérité.

- Dit le !

Le roi tapa du poing sur la table. Toute la table trembla. La lanterne qui se tenait sur le bord se renversa sur le sol. Les flammes commencèrent à s'étaler. Dévorant tout sur leur passage. Mais son père n'avait pas détourné les yeux une seconde. Il continuait à la fixer dans les yeux, attendant la réponse. Le reflet des flammes dans ses yeux était la vision la plus effrayant qu'elle n'ai jamais vu. Il avança lentement dans les flammes. Celles-ci grignotait ses bottes et sa cape, mais il s'en fichait. Tout ce qu'il voulait c'était l'entendre. Entendre que tout ça était de sa faute. Il commença à parler à voix basse, comme s'il ne se parlait qu'à lui-même.

- Ce jour-là, vous auriez dû tous mourir. Je n'aurais pas... je n'aurais pas dû l'écouter, je n'aurais pas dû te sauver.

Il dégaina son épée.
Nethelia cherchait à travers la fumée et les flammes, une sortie possible, un échappatoire. Il allait la tuer.
C'est là qu'elle la sentit. Une légère brise de vent à travers les trous du volet. Si elle ouvrait les volets, l'appel d'air déclencherait une détonation. Toute la pièce exploserait, elle emporterait son père avec elle.

- Mon roi, que faites-vous ?
La voix d'Eila était faible, presque un murmure. Elle se cachait le visage pour tenter de respirer malgré la fumée. Et ses yeux allaient de Nethelia au roi.

- Je vais corriger mon erreur.

- Je pensais que vous vouliez la faire prisonnière !
- J'ai changé d'avis.

Elle n'avait plus le choix. C'était soit mourir des mains de son père, soit mourir par ses propres mains. Elle se glissa face à la fenêtre et ouvrit les volets d'un coup sec.

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